Thèse soutenue

Construire la co-meaningfulness : l'apprentissage collaboratif au-delà des frontières : étudier les communautés d'innovation des designers et scientifiques

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Auteur / Autrice : Ke Fang
Direction : Sophie PèneJoël Chevrier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie et sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 18/09/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche interdisciplinaire (CRI)
Jury : Président / Présidente : François Taddei
Examinateurs / Examinatrices : François Taddei, Mathias Béjean, Luping Xu
Rapporteurs / Rapporteuses : Mathias Béjean, Luping Xu

Résumé

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Cette thèse étudie un modèle émergent d'apprentissage collaboratif qui rapproche des designers et des scientifiques. Ces communautés d'innovation que nous nommons CoLAB se mettent en capacité de traiter des "Open Wicked Problems". Ces questions épineuses, expriment des problèmes urgents de notre temps qui résistent soit à une définition précise, soit à une solution rapide. On peut ranger parmi elles le développement de l'IA, les questions éthiques qui en découlent, les changements brutaux que la pandémie a d'ores et déjà provoqués sur les économies et le travail humain. Ce sujet est à rapprocher des initiatives d'apprentissage qui émergent dans les universités et les écoles, par exemple quand les étudiants en design et en sciences se regroupent en ateliers pour s'entraîner à la collaboration interdisciplinaire et font l'expérience du dépassement des limites de leurs connaissances et savoir-faire. Il est à noter que ces nouveaux formats d'expérimentation et de formation se répandent, comme une pédagogie des défis afin d'entraîner de jeunes scientifiques à tenter de résoudre ces "Open Wicked Problems". Comment comprendre ces processus d'apprentissage? Quelles sont les obstacles à l'instauration de ces nouvelles approches, et comment les surmonter ? Aborder le CoLAB, c'est-à-dire la collaboration au sein de communautés scientifiques et créatives occasionnelles ou durables, sous des aspects applicatifs se révèle essentiel. Ces perspectives concernent en effet des évolutions de l'éducation, et leur étude par les sciences de l'apprentissage. L'auteur, qui se définit comme chercheur praticien explorant et développant le CoLAB, adopte la théorie constructiviste dite "Grounded Theory" pour l'analyse de données ethnographiques (observations, dialogues de conception) recueillies sur plusieurs années, au cours de sessions consacrées au développement de prototypes innovants réunissant des designers, des ingénieurs et des biologistes. Le codage et l'analyse des échanges ont mis au jour la notion de "Co-Meaningfulness" qui éclaire un résultat majeur du CoLAB: il apparaît que les participants ne communiquent pas seulement au niveau du "projet", dans une perspective de management, de prise de décision et d'efficience. Ils négocient essentiellement sur la valeur de "sens" du projet. Leur apprentissage est un processus de "Co-Meaningfulness", c'est-à-dire de découverte et d'évaluation du sens que l'effectuation du projet représente pour chaque protagoniste. Ce sens, ce "Co-Meaningfulness", s'entend sous des aspects éthiques, scientifiques, d'utilité, de valeurs humanistes engagées. Il est étudié ici dans une perspective socio-cognitive et socioculturelle. Des outils notionnels et de représentation graphique éclairent les variétés de forme du "Co-Meaningfulness" du CoLAB. Ils rendent visibles et reconnaissables des processus non seulement implicites mais également encore peu reconnus socialement. Car ils abordent un mode de coordination souvent étouffé par la grammaire du management de la coopération. C'est pourquoi la a l'ambition d'ouvrir un territoire de recherche dédié à l'étude du Co-meaningfulness qui concerne le management de l'innovation scientifique et créative.