Thèse soutenue

Le vécu de l'accouchement chez la femme : évaluation clinique, étude des facteurs de risque et de protection, et des conséquences sur l'état psychologique maternel, la relation conjugale et la relation mère-bébé

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Auteur / Autrice : Margaux Chabbert
Direction : Jaqueline Wendland
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 18/11/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de santé (Paris ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques Dayan
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Dayan, Wissam El-Hage, Justine Gaugue-Finot, Anne Denis, Patrick Rozenberg
Rapporteurs / Rapporteuses : Wissam El-Hage, Justine Gaugue-Finot

Résumé

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Contexte : L'expérience de l'accouchement suscite depuis quelques années un intérêt croissant de la part des cliniciens et des chercheurs. En effet, cet évènement de vie majeur a montré son impact à la fois sur la santé mentale des femmes, mais également sur ses relations. L'évaluation de cet évènement est rarement réalisée en maternité, alors que jusqu'à 33% des femmes rapportent un vécu négatif de leur accouchement. De plus, les interactions entre les facteurs prénataux, le vécu de l'accouchement, l'état psychologique maternel et les relations père-mère et mère-bébé en post-partum n'ont encore jamais été investiguées tous ensemble. Objectifs : Ce travail a donc pour objectifs : 1) d'étudier le vécu de l'accouchement et de valider en France un outil d'évaluation de cette expérience, 2) d'en identifier les facteurs de risque et de protection, 3) d'évaluer la santé mentale des femmes en post-partum immédiat, et 4) d'investiguer les interactions entre le vécu de l'accouchement, les facteurs prénataux et la période du post-partum. Méthode : Le recrutement de 275 femmes venant d'accoucher a été réalisé au sein de la maternité de l'hôpital de Poissy. Les participantes ont répondu à des questions anamnestiques et complété des questionnaires évaluant le style d'attachement maternel, le sentiment d'efficacité général, l'ajustement dyadique, l'anxiété, la dépression, la détresse péri-traumatique et le vécu de leur accouchement. Ces femmes ont été recontactées à 2 et à 6 mois du post-partum afin de remplir des questionnaires sur l'évolution de leur santé mentale et de leurs relations. Quatre études, trois au design prospectif et transversal et une au design longitudinal, ont été réalisées afin de répondre à ces objectifs. Résultats : La 1ère étude présente la validation d'une échelle d'évaluation du vécu de l'accouchement (le QEVA), et les spécificités de l'évaluation dans notre échantillon. Notre 2ème étude identifiant les facteurs de risque et de protection montre que l'anxiété-trait, un style d'attachement anxieux, le mode d'accouchement et les facteurs subjectifs de la naissance contribueraient à une perception plus négative de l'accouchement. Notre 3ème étude, s'intéressant aux déterminants de la santé mentale des femmes en post-partum immédiat, indique que l'anxiété en post-partum immédiat serait prédite par une personnalité plus anxieuse et les complications perçues pendant l'accouchement pour la femme ou le bébé. Les symptômes de dépression seraient prédits plutôt par des antécédents de dépression, un faible sentiment d'efficacité général et une moindre satisfaction de la relation conjugale. Enfin, la détresse péri-traumatique serait surtout liée aux évènements subjectifs de l'accouchement, tels que le sentiment de contrôle, les complications perçues et les émotions négatives ressenties pendant la naissance. Notre 4ème étude, présentant les résultats longitudinaux de ce travail, montre des liens significatifs et de médiations entre le vécu de l'accouchement, l'état psychologique maternel en post-partum et les relations mère bébé et conjugale. Conclusion : Ce travail montre l'intérêt d'étudier le vécu de l'accouchement, d'évaluer ses conséquences à long terme et de prendre en charge la santé mentale des femmes qui vivent mal leur accouchement, impliquant donc de nombreuses retombées cliniques et de recherche. Au niveau clinique, des mesures de prévention pourraient être proposées en amont aux femmes présentant des facteurs de risque identifiés. Des prises en charge de type thérapies cognitives et comportementales, associées aux techniques d'EMDR ou de réalité virtuelle pourraient être proposées aux femmes ayant un vécu traumatique de leur accouchement. Au niveau de la recherche, il conviendrait d'investiguer de manière plus qualitative le vécu de l'accouchement mais également de poursuivre les études sur les conséquences à plus long terme sur la dyade mère-bébé, et sur l'impact d'un accouchement traumatique pour le père.