Thèse soutenue

Portrait de l'artiste en idiot : l'idiotie dans l'œuvre de Jerome Charyn

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Auteur / Autrice : Michaëla Cogan
Direction : Michèle BonnetSophie Vallas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisations anglaises et anglo-saxonnes
Date : Soutenance le 23/10/2020
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Communication, Langues, Arts (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires et transculturelles (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Arnaud Schmitt
Examinateurs / Examinatrices : Michèle Bonnet, Sophie Vallas, Arnaud Schmitt, Nathalie Cochoy, Frédérique Spill
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Cochoy, Frédérique Spill

Résumé

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La figure de l’idiot sert de clé pour pénétrer l’imaginaire personnel de Charyn. Ce motif récurrent n’en est pas pour autant immédiatement intelligible, l’écrivain mettant en scène une idiotie aux multiples visages, fruit d’une vision éminemment personnelle. En dépit d’un intertexte très présent (emprunt au personnage séminal du Benjy de Faulkner), l’œuvre se distingue par une prise d’autonomie par rapport à un modèle littéraire donné ou à la représentation d’un idiot-type. La première partie fait une typologie de l’idiotie entendue comme rapport problématique au monde et en particulier au langage (« dumbness »). Observé au prisme de l’opposition normalité/anormalité, le personnage de l’idiot est d’abord perçu comme monstrueux et il est marginalisé sur plusieurs plans (spatial, discursif, narratif), même si le récit problématise parfois cette mise à l’écart. Lorsque l’altérité radicale de l’idiot est transgressive, il est le nouveau centre d’un univers dont il est sujet et non plus objet. La seconde partie examine la dimension autoréférentielle du personnage de l’idiot, que Charyn replace dans le contexte spécifique de son enfance dans le Bronx des années quarante, où il a grandi entouré d’immigrants illettrés et traumatisés. À cette idiotie environnante s’oppose l’idiotie singulière de Jerome, devenu paradoxalement l’idiot de la famille car il est le seul à poursuivre une éducation et à acquérir un langage. Enfin, la troisième partie examine la régénération de l’idiot par la toute-puissance de la littérature, plus précisément d’une écriture autofictionnelle, à la fois autoréférentielle et mythologisée. Charyn devient son propre personnage, un idiot nommé Jerome, et réinvente également les « idiots » qui ont peuplé son enfance (le père Sam, la mère Fannie, le frère Harvey). La musique averbale de l’écrivain, son idiolecte, finit par s’extérioriser en un langage intelligible, une voix littéraire originale et idiosyncrasique.