Les Poèmes de Jean Genet : la subversion comme style ?
Auteur / Autrice : | Élise Chedeville |
Direction : | Jacques Dürrenmatt |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue française |
Date : | Soutenance le 02/10/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Sens, texte, informatique, histoire (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Gilles Philippe |
Examinateurs / Examinatrices : Mairéad Hanrahan, François Rouget, Florence Mercier-Leca | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michèle Monte, Serge Linarès |
Mots clés
Résumé
En exploitant dans ses Poèmes la tradition littéraire dans une volonté affirmée de détournement afin d’exposer des passions hors normes, Genet ravit le lecteur et en bouleverse les valeurs, choisissant ainsi la subversion pour style. Cette subversion paraît trouver sa genèse dans la vie de l’auteur qui adopte la voie poétique tant par vocation que par désir de pénétration du champ littéraire ; l’histoire, la réception et les différentes versions des Poèmes en sont la concrétisation. Si l’édition génétique du corpus et l’avant-texte des Poèmes proposés révèlent bien une volonté constante de remodelage de l’éthos et un style de genèse spécifique, cyclique et rhapsodique, l’analyse des variantes témoigne aussi de la naissance d’un style tendu vers la réinvention de soi, le ravissement du lecteur, la reconfiguration de la langue et la transfiguration du réel. Ce style de la subversion est alors à envisager comme un jeu de formes et de forces tourné vers la séduction et le sapement des normes. En s’inscrivant dans un genre poétique entériné mais remodelé, Genet affirme en effet un rapport paradoxal aux normes métriques et, en empruntant un parler précieux et archaïsant empli de figures ostentatoires, il corrompt la doxa afin d’en fragiliser les codes linguistiques, esthétiques et sociaux. Le style genétien surexploite en outre la métaphore afin de mieux séduire le lecteur et de transfigurer la réalité en revalorisant un monde et des amours dénigrés. L’adoption d’une scénographie énonciative faussaire et exemplaire, tant dans sa configuration que dans son registre, parachève enfin la construction d’un éthos marginal, d’une force pathémique et d’une singularité stylistique.