Thèse de doctorat en Études anglophones
Sous la direction de Andrew Jay Diamond.
Soutenue le 17-01-2020
à Sorbonne université , dans le cadre de École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....) , en partenariat avec Histoire et dynamique des espaces anglophones (Paris) (équipe de recherche) .
Le président du jury était Louise Dalingwater.
Le jury était composé de Laurence Gervais, Timothy Stewart-Winter.
Les rapporteurs étaient James Cohen, Michael S. Foley.
Pink Atlantic : la puissance américaine et la construction des identités gay à Paris et à Londres (années 1940-1980)
La construction des identités gay à Paris et à Londres depuis la fin de la deuxième guerre mondiale reflète l’ascendance du pouvoir politique, culturel, et économique états-unien et ses enjeux. Suivant l’œuvre de l’historien Alain Bérubé sur la Deuxième Guerre mondiale, ce projet de recherche part de ce moment quand des villes états-uniennes deviennent centrales aux rapports transatlantiques de savoir, capital économique, et influence culturelle. Dans ce contexte particulier, une conscience d’une identité homosexuelle masculine émerge, structurée par les échanges transatlantiques des nouveaux réseaux militants et culturels. Cela suscite résistances et adaptations. À Paris l’opposition à l’influence américaine sur la construction des identités gay se développe dans les politiques de la gauche comme celles de la droite où les deux s’accordaient curieusement sur ce sujet. Ce n’est qu’à la fin des années 70 et au début des années 80 qu’une influence états-unienne s’impose sur les identités gay de la capitale française. Les commerces américains en recherche des nouveaux marchés gay retrouvent une niche parisienne. Parallèlement, les petites entreprises parisiennes, inspirées par les modèles américains, construisent des espaces de consommation et d’acceptation de l’homosexualité masculine. L’arrivée des pratiques spatiales et comportements de consommateurs américains participe considérablement à la reconstitution des identités individuelles et collectives gay parisiennes. À Paris, comme à Londres, les identités gay se sont approprié, mais aussi ont renégocié et résisté les sémiotiques, pratiques politiques, sociales, et économiques nées dans les villes états-uniennes devenues globales, dans le sens que donne Saskia Sassen au mot.
The construction of gay identities in Paris and London since the end of the Second World War has reflected the rise of American global political, economic, and sociocultural power. Building upon historian Alain Bérubé’s work on the Second World War, this thesis begins at this critical turning point when American cities became central to transatlantic flows of knowledge, economic capital, and cultural influence. It is within this context that a consciousness of a shared male homosexual identity began to emerge. Resistance, and adaptation, to this nascent awareness and the political activist and cultural networks that fed it, soon ensued. In Paris, the Left and Right made for strange bedfellows as they opposed the new transatlantic gay politics. As such, it would only be in the late 1970s and at the dawn of the 80s that American influence began to play a significant role in shaping gay identities in the French capital. At this point, American capital in search of new markets in Europe found an unexploited market in Paris. Furthermore, small business inspired by American models created spaces of consumption, and acceptance, for gay men. Americanized spatial practices and consumer behavior thus began to play a crucial role in the construction of individual and collective gay identities in Paris. In both Paris and London, gay identities took form as gay men appropriated, resisted ,and negotiated the symbols and political, social and economic practices of American-turned-global cities. “Global” understood in Saskia Sassen’s sense of the word.