L’État et la révolution : discours et contre-discours du jihad : Irak, Syrie, France

par Montassir Sakhi

Thèse de doctorat en Anthropologie

Sous la direction de Alain Bertho.

Soutenue le 10-12-2020

à Paris 8 , dans le cadre de École doctorale Sciences sociales (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) , en partenariat avec Laboratoire sur l'architecture, la ville, l'urbanisme et l'environnement (équipe de recherche) .

Le président du jury était François Burgat.

Le jury était composé de Sylvain Lazarus, Chowra Makaremi, Bruno Karsenti.

Les rapporteurs étaient Olivier Roy, Caroline Guibet Lafaye.


  • Résumé

    Partant de trois séquences politiques contemporaines (l’antiterrorisme en France, la révolution syrienne et le gouvernement territorialisé de l’État islamique) cette thèse entend répondre aux deux questions suivantes : de quoi le jihad est-il le nom ? Que produit-il en lui-même et par les politiques qui lui sont opposées dans la trame du collectif ? Autrement dit, l’exploration du discours théologico-politique est menée tant via les mots des gens que par leur rapport au renouvellement de la gouvernementalité moderne par l’antiterrorisme. Partant, de multiples enquêtes ont été menées en France, en Irak, au Maroc, et à la frontière turco-syrienne : l’interlocution a ainsi été établie avec ceux qui ont émigré vers la Syrie, le tissu collectif où ils s’inséraient puis, au sein de celui-ci, parmi les témoins de l’avènement de l’État islamique et de son gouvernement devenu territorialisé à partir de l’année 2014.Une première approche du nouage du théologico-politique prend ainsi appui sur l’actualisation historique et singulière de la tradition religieuse par la refondation de l’appareil étatique à l’heure de l’inédite brutalisation coloniale de la société irakienne. La thèse montre ainsi que le rapport du gouvernement au religieux est moins fondé sur l’exclusion – comme cela a pu être le cas dans d’autres expériences de souveraineté dans le monde musulman – ou l’utilitarisme – la religion comme prétexte à la domination – que sur l’imbrication permanente ; autrement dit, il s’agit bien de la fabrique de la politique moderne et nationale depuis l’investissement de la tradition religieuse. Le propos s’attache également aux moudjahidine de la Révolution syrienne, dont la dimension utopique, tout en procédant depuis la même tradition islamique, s’écarte pourtant sensiblement de la rationalité étatique et nationale. Il était ainsi fondé une société de contre-conduite, dont l’affirmation du jihad révolutionnaire est alors pleinement critique des mécanismes modernes du gouvernement territorial (école, prison, police, gestion frontalière, etc.) et pourvoyeuse d’un ordre social réalisé sans qu’il y ait monopole de la violence. Il est proposé en outre l’enquête conduite avec les familles françaises de ceux qui sont partis, éclairant ainsi d’un jour nouveau la réaffirmation de l’homogène national et de la raison d’État à partir d’une politique s’affirmant contre-jihadiste.Ainsi est-il proposé la lecture d’une séquence aussi territorialisée que bornée historiquement (2011-2017) : la thèse entend mettre en lumière la variété et la profondeur des expérimentations collectives qui y prennent forme par l’instruction de leurs rapports respectifs aux figures de l’État, de la guerre et de la révolution.

  • Titre traduit

    The State and the Revolution : discourses and counter-discourses of jihad : Iraq, Syria, France


  • Résumé

    Based on three contemporary political sequences (anti-terrorism in France, the Syrian revolution, and the territorialized government of the Islamic State), this thesis aims on providing answers to the two following questions: what is jihad the name of? What does it produce per se and through the measures that are opposed to its deployment? In other words, the exploration of the theological-political discourse is conducted through the words of the people and in close connection with the renewal of sovereignty through antiterrorist measures. The defended thesis is based on fieldworks in France, Iraq, Morocco, and on the Turkish-Syrian borders, both among those who emigrated to the Islamic State (ISIS) and within the population that experienced the rise of its territorialized government starting in 2014. A first approach to the theological-political Islamic practice intends to demonstrate the refoundation of state apparatus through an interpretation of religious discourse, at a time of unprecedented colonial brutalization of the Iraqi society. This first approach is coupled with an inquiry of the Syrian Revolution whose utopian dimension, while proceeding from the same Islamic tradition, is however notably different from the rationality of the state and its national discourse. A society of counter-conduct was indeed founded, which affirmation is then fully critical of the modern mechanisms of territorial government (school, prison, police, border management, etc.). In other words, the thesis aims at shedding light on a sequence both spatially (Irak and Syria) and historically defined (2011-2017): it will highlight the variety and deepness of multiple collective experiments, in connection with their respective connection to the state, revolution and war.

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