Thèse soutenue

Une ville en ses archives : pratiques documentaires et pouvoirs dans une « bonne ville » de la fin du Moyen Âge, Troyes (XIIIe-début XVIe siècle)
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Auteur / Autrice : Cléo Rager
Direction : Olivier Mattéoni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 20/11/2020
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (1998-....)
Jury : Président / Présidente : Paul Bertrand
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Mattéoni, Florent Garnier, Elodie Lecuppre-Desjardin
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Yves André Richard

Résumé

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Porter un éclairage nouveau sur l’histoire des pouvoirs municipaux à la fin du Moyen Âge à travers une analyse critique de la documentation urbaine, tel est l’objet de notre thèse. L’étude du riche fonds archivistique de Troyes permet de prendre la mesure des interventions et des injonctions extérieures, notamment royales, à partir du XIVe siècle, et d’évaluer le rôle des configurations politiques et sociales dans la production et la conservation de l’écrit. Le fonds municipal troyen est ainsi en partie le fruit d’une construction mémorielle fabriquée par les élites urbaines au sortir de la guerre de Cent Ans puis au XVIe siècle. Une fois repérées les modalités de distorsion de la documentation urbaine, grâce à une étude quantitative de l’ensemble du fonds, il devient possible d’écrire une histoire plus équilibrée prenant en compte l’ensemble des acteurs et les contradictions qui traversent la vie municipale troyenne. Elle est polarisée par trois institutions : les officiers royaux ; le conseil de ville, remplacé par l’échevinage en 1470 ; l’assemblée générale des habitants. Les deux premières, liées au pouvoir royal depuis la mise en place d’un budget spécifique pour les fortifications, sont les principales instances productrices et conservatrices de la documentation qui nous est parvenue. La mémoire qu’elles ont construite raconte l’union censée n’avoir pas connu d’accroc de la « bonne ville » de Troyes avec la monarchie. Le phénomène de « royalisation » des archives municipales révélé par notre enquête se renforce dans les dernières décennies du Moyen Âge quand l’échevinage récemment institué cherche à fonder sa légitimité encore mal assurée sur ses liens privilégiés avec la monarchie. Il se produit alors une surreprésentation dans les archives de quelques événements qui correspondent aux moments de rencontre entre Troyes et la personne royale : l’octroi de privilèges par Charles VI en 1420, la reprise de la ville par Charles VII en 1429, l’entrée royale de Charles VIII en 1486. Pourtant, loin de l’irénique discours du pouvoir, certains documents témoignent d’une réalité moins univoque traversée par de fortes périodes d’oppositions au sein de la ville. On y découvre surtout en filigrane toute une vie communautaire spécifique, avec des lieux, des moments et des institutions propres aux habitants qui, dans leurs discours, œuvrent à la recherche d’un Bien Commun troyen.