Thèse soutenue

Le Jeu de la Pourpre et du Bâtard : les enfants illégitimes de patriciens face à l'aristocratie vénitienne à travers cinq procès en justice civile au dernier siècle de la République (1694-1780)
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Auteur / Autrice : Marie Malherbe
Direction : Anna BellavitisLuciano Pezzolo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 18/12/2020
Etablissement(s) : Normandie en cotutelle avec Università degli studi (Padoue, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Groupe de recherche d'histoire (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2004-....)
Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Anna Bellavitis, Luciano Pezzolo, Francisco García González, Claire Chatelain, Roberto Bizzocchi
Rapporteurs / Rapporteuses : Margareth Lanzinger, Francisco García González

Résumé

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Le régime politique original de la République aristocratique de Venise a produit un « système patricien » dans lequel familles et gouvernement étaient intrinsèquement liés. De façon non surprenante, l'accès exclusif au pouvoir politique a généré des règles strictes d’hypodescendance. À partir de la moitié du XVIIe siècle, les défis économiques et politiques de la République ont à la fois remis en question et exacerbé la rigidité de ce modèle de parenté au bord de la rupture. Les enfants illégitimes de pères patriciens incarnent toute cette tension. Le statut successoral de ces êtres hybrides reflète la place que ceux-ci étaient censés occuper -ou ne pas occuper- dans la famille et la société, la marge de manoeuvre laissée par les normes juridiques donnant lieu à une variété de cas de figure, mais aussi à des conflits.Les archives vénitiennes ont révélé des factums destinés à des procès intentés par des enfants illégitimes devenus adultes contre les héritiers patriciens de leur père, entre 1694 et 1783. Cette thèse est la première recherche basée sur les factums vénitiens d’Ancien Régime en justice civile, ou stampe in causa.Ces affaires mettent en scène des protagonistes variés, hommes et femmes, patriciens et non patriciens, bien-nés et mal-nés, essayant de faire le meilleur usage possible de la matière juridique et des procédures à leur disposition pour faire entendre leur voix. Ces voix discordantes autant que celles des juges des diverses cours compétentes, prouvent la coexistence d’interprétations contradictoires de la parenté. Ce travail se propose d’analyser ces affrontements dans une perspective d’anthropologie juridique afin de dégager les « règles » complexes et inattendues du ‘jeu de la pourpre et du bâtard’.Ces cas-limite qui relèvent de l' « eccezionale normale » révèlent des dynamiques implicites de parenté et de genre dans la famille patricienne en général. Ils montrent l'ambivalence du genre dans un contexte illégitime, ainsi que la complexité du rapport à la loi dans un système judiciaire à la fois sophistiqué et souple, et en contexte de crise.