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Acquisition de la prosodie en L2 : une étude acoustique de l'accentuation en français par des adultes turcophones
2020
2020-12-15
Electronic Thesis or
Dissertation
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electronic
Cette étude transversale et expérimentale, menée dans une perspective acquisitionniste, porte sur l’appropriation des accents final (AF) et initial (AI) en français L2 par 19 adultes plurilingues turcophones (13 femmes et 6 hommes). Ils sont âgés de 18 à 47 ans, vivent plusieurs mois ou années en France (Normandie) et sont de niveau A1 à C1-‐C2 en français (CECRL). Étant donné les convergences et divergences entre ces accents AF et AI en français et les accents primaire (A1) et secondaire (A2) en turc concernant leurs places, fonctions et paramètres acoustiques, l’objectif est de voir comment sont réalisés ces accents en français L2 par les locuteurs turcs. L’analyse contrastive des deux systèmes accentuels suggère que, par rapport au français L1, les locuteurs turcs réalisent plus d’écarts phonétiques que d’écarts phonologiques. L’analyse acoustique avec le logiciel Praat des énoncés produits lors de la lecture oralisée d’un corpus contrôlé confirme cette principale hypothèse. Sur le plan phonologique, l’AI et l’AF en français L2 sont bien placés, respectivement en début et fin de mot lexical et de Syntagme Prosodique/Phonologique (SP), avec leur fonction surtout démarcative et les paramètres acoustiques pertinents (surtout F0 et durée). L’AI n’est pas non plus réinterprété comme un A1 turc non final. Mais les locuteurs sont confrontés à deux problèmes importants. D’une part, au niveau phonologique, ils ont des difficultés à réaliser les deux accents du français comme des accents de groupe (le SP vs le Mot Prosodique ou Phonologique/MP en turc). C’est pourquoi ils produisent plusieurs SP courts au lieu de quelques SP longs. Les débutants réalisent aussi des AF sur les mots grammaticaux, inexistants en turc. Enfin, plusieurs locuteurs produisent des pauses après les mots, dues en partie à la tâche choisie : les SP sont en fait souvent des Unités Intonatives (Intonational Phrases/IP). D’autre part, sur le plan phonétique, les locuteurs ont des difficultés à gérer en français les proportions des allongements et des variations de F0, ainsi parfois que l’alignement temporel des pics accentuels par rapport aux syllabes accentuées. Leur sur-‐ utilisation des accents et des allongements confirme d’autres études, mais ces résultats ne confirment pas entièrement les prédictions de l’Hypothèse de la surdité accentuelle (Dupoux et al. 1997/2010). En effet, les turcophones sont « sourds » aux accents de groupe du français, mais pas à l’allongement des syllabes accentuées. Ces résultats confirment en partie les prédictions de la version modérée de l’Hypothèse de l’Analyse Contrastive (Brown 1987, Flege 1992) : c’est la ressemblance entre l’emplacement final de l’AF français au niveau du SP et de l’A1 turc au niveau du MP qui pose des difficultés. Les résultats confirment surtout les prédictions de l’Hypothèse de la Différence de Marque (Eckman 1977/2008) : l’A1 turc est plus complexe au niveau du mot lexical que l’AF français, c’est pourquoi les locuteurs turcs perçoivent les différences de l’AF français à ce niveau. En revanche, l’AI et l’AF français sont plus marqués car leur domaine de réalisation est le groupe de mots (SP), d’où les difficultés des locuteurs à acquérir ce domaine prosodique.
This transversal and experimental study conducted from a language acquisition perspective deals with the mastering of final (AF) and initial (AI) accents in L2 French by 19 multilingual L1 Turkish adult speakers (13 women and 6 men). Those speakers are between 18 and 47 years old, have lived for several months or years in France (Normandy) and their skills in French range from A1 to C1-‐C2 (CECRL). Given similarities and differences between these French final and initial accents and the Turkish primary (A1) and secondary (A2) accents regarding their locations, functions and acoustic features, the aim is to examine how these accents are executed in L2 French by Turkish speakers. A contrastive analysis of accentual systems of both languages suggests that, compared with L1 French, the Turkish speakers make more phonetic differences than phonological ones. The acoustic analysis (made thanks to Praat software) of the utterances produced during the out-‐loud reading of a controlled corpus confirms this main hypothesis. At the phonological level, the French AI and AF are correctly located, respectively at the beginning and the end of lexical words and Prosodic or Phonological Phrases (PP) with their demarcative function and relevant acoustic features (especially F0 and duration). Also, the AI is not reinterpreted as a Turkish non final A1. However, the speakers struggle with two big issues. On the one hand, at the phonological level, their problem consists in performing both French accents as group accents (PP vs Prosodic or Phonological Word/PW in Turkish). That’s why the speakers make several short PP instead of a few long PP. Secondly, the speakers whose French skills range from A1 to A2 produce also some AF on functional words, which do not exist in Turkish. Finally, many speakers make pauses after words, notably because of the selected task: PP are actually often Intonational Phrases (IP). On the other hand, at the phonetic level, speakers hardly achieve, in French language, the proportions of lengthening and F0 variations and some temporal alignments of the accentual peaks with regard to the accented syllables. Their overuse of accents and lengthening confirms other studies whereas these results do not confirm entirely the predictions of the stress deafness Hypothesis (Dupoux et al. 1997/2010). Indeed, the Turkish speakers are “deaf” to French group accents, but not to French accented syllables lengthening. These results confirm to a certain extent the predictions of the moderate version of the Contrastive Analysis Hypothesis (Brown 1987, Flege 1992): the similarity between final location of French AF at the level of the PP and Turkish A1 at the level of the PW generates difficulties. In particular, results confirm the predictions of the Markedness Difference Hypothesis (Eckman 1977/2008): Turkish A1 is more complex at the level of the lexical word than French AF. That’s why the Turkish speakers can hear French AF differences at this level. However, French AI and AF are more marked because their domain of realization is the group of words (PP): hence, the difficulties of the speakers to acquire this prosodic domain.
Français langue étrangère
Français (langue) -- Accents et accentuation
Français (langue) -- Prononciation par des allophones
Prosodie (linguistique)
Phonétique acoustique
Turc (langue)
Phonétique et phonologie de la prosodie
Acquisition d'une L2
Français L2
Turc L1
Accentuation
Phonétique acoustique
¨honetics and phonology of the prosody
Second language acquisition
L2 French
L1 Turkish
Accentuation
Acoustic phonetics
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Marchand, Aline
Akinci, Mehmet-Ali
Le Gac, David
Normandie
École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Laboratoire dynamique du langage in situ (Mont Saint Aignan, Seine-Maritime ; 2017-.....)
Université de Rouen Normandie (1966-....)