Les anticorps anti-HLA au cours du rejet à médiation humorale : rôle de la sous-classe et de la glycosylation des anticorps

par Vincent Pernin

Thèse de doctorat en Biologie Santé

Sous la direction de Moglie Donnette-Le Quintrec.


  • Résumé

    Le rejet à médiation humorale (ABMR) est aujourd’hui reconnu comme la première cause de perte du greffon rénal au-delà de la première année. Les anticorps anti-HLA spécifiques du donneur de novo (DSAdn) sont le facteur de risque principal d’ABMR après transplantation rénale. Ils sont au centre des mécanismes physiopathologiques impliqués au cours de cette pathologie. Cependant, l’évolution clinique après la détection d’un DSAdn est extrêmement hétérogène suggérant que tous n’ont pas la même pathogénicité. Plusieurs caractéristiques des DSAdn ont été identifiées comme étant associées à un risque plus élevé d’ABMR ou de perte du greffon comme la « force » des anticorps (évaluée par la MFI au test Luminex Single Antigen), leur capacité à fixer et activer la voie classique du complément et la détection d’une sous-classe IgG3. Dans ce travail de thèse, j’ai étudié le rôle de la répartition des différentes sous-classe IgG et du profil de glycosylation des DSA au cours de l’ABMR, grâce à la mise au point d’une technique innovante basée sur la spectrométrie de masse.Dans la première partie de ce travail, nous avons mis en évidence que les DSA étaient toujours composés des quatre sous-classes d’IgG mais avec une répartition variable selon les patients. La distribution des sous-classes des DSA était différente de celle des IgG totales avec plus d’IgG1, plus d’IgG3, plus d’IgG4 mais moins d’IgG2. Une proportion élevée d’IgG3 (>6.4%) était significativement associée à la présence d’un ABMR, à la sévérité histologique de l’ABMR avec plus de dépôts de complément et plus d’inflammation de la microcirculation (glomérulite et capillarite péri-tubulaire) et au déclin du débit de filtration glomérulaire, indépendamment des autres caractéristiques du DSA, en particulier de la valeur de MFI.Dans la deuxième partie de ce travail, nous avons montré pour la première fois une association entre le profil de glycosylation des DSA et le risque d’ABMR. Le groupe de patients présentant un ABMR avaient des DSA dont les sous-classes IgG1 et IgG3 exhibaient un profil de glycosylation pro-inflammatoire associant une plus faible galactosylation des IgG1, une plus faible sialylation des IgG3 et une proportion plus élevée de GlcNAc en position bissectrice. L’hyposialylation des IgG3 semble un facteur prometteur pour prédire du risque d’ABMR. Ces résultats ouvrent aussi potentiellement la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques qui sont particulièrement attendues, l’efficacité des thérapeutiques utilisées actuellement étant souvent décevante.

  • Titre traduit

    Anti-HLA antibodies in antibody-mediated rejection : role of IgG subclasses distribution and glycosylation


  • Résumé

    Antibody-mediated rejection (ABMR) is now recognized as the leading cause of graft loss beyond the first year. De novo donor-specific anti-HLA antibodies (DSAdn) are the main risk factor for ABMR after kidney transplantation. However, the clinical course after the detection of a DSAdn is extremely heterogeneous, suggesting that not all DSA have the same pathogenicity. Several characteristics of DSAdn have been identified as being associated with a higher risk of ABMR or graft loss such as the “strength” of the antibodies (evaluated by the MFI in the Luminex Single Beads Antigen test), their ability to activate the classical complement pathway and the detection of IgG3 subclass. In this work, we studied the role of the DSA subclasses distribution and the DSA glycosylation profile in ABMR occurrence and graft outcomes. For this, we developed an innovative method for DSA characterization based on mass-spectrometry.In the first part of this work, we highlighted that the DSAs were always composed of the four IgG subclasses but with a variable distribution. The distribution of subclasses was specific to DSA with more IgG1, more IgG3, more IgG4 but less IgG2 compared to total IgG. A high proportion of IgG3 (> 6.4%) was significantly associated with ABMR occurrence and with ABMR severity (more complement deposition and more microvascular inflammation) and with the decline of the glomerular filtration rate, independently to other DSA characteristics, in particular the MFI value.In the second part of this work, we showed for the first time an association between the glycosylation profile of DSA and the risk of ABMR. DSA from ABMR+ patients exhibited a pro-inflammatory glycosylation profile, associating a lower galactosylation of IgG1, a lower sialylation of IgG3 and a higher proportion of bisecting GlcNAc. Hyposialylation of IgG3 appears to be a promising factor in the ABMR risk prediction. These results also potentially pave the way to new therapeutic strategies which are particularly expected, the effectiveness of current therapies often being disappointing.


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