Thèse soutenue

La théorie de l’action dans la philosophie espagnole du siècle d’or : Juan Luis Vives et Francisco de Vitoria

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Auteur / Autrice : Jeferson Da Costa Valadares
Direction : Marina Mestre ZaragozàCelso Martins Azar Filho
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 10/12/2020
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec Universidade federal do Rio de Janeiro
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (2010-...)
Jury : Président / Présidente : Jacob Schmutz
Examinateurs / Examinatrices : Marina Mestre Zaragozà, Celso Martins Azar Filho, Jacob Schmutz, Guilherme Louis Wyllie Medici, Fernando Santoro
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacob Schmutz, Guilherme Louis Wyllie Medici

Résumé

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L’étude de la philosophie espagnole est traditionnellement négligée par les traditions universitaires et historiographiques européennes. Il s’agit pourtant, loin de toute polémique, d’une tradition philosophique qui existe bel et bien et qui a fait de riches apports à la philosophie européenne classique. La pensée philosophique développé au xvie siècle en Espagne, c’est-à-dire, pendant la Renaissance, est particulièrement riche et féconde. Parmi les divers sujets qui y sont abordés, j’envisage d’analyser dans ma thèse une question qui occupe particulièrement les esprits à ce moment-là, à savoir la philosophie de l’action telle que la développent avec une réelle originalité deux auteurs majeurs de la Renaissance Espagnole : le philosophe et humaniste valencien Juan Luis Vives (1492-1540) et le théologien et juriste Francisco de Vitoria (1486-1546). Considérés l’un et l’autre comme les représentants de l’humanisme chrétien et de la seconde scolastique, leur pensée a été jusqu’ici abordée dans ce cadre, et selon des axes d’approche bien définis et, en quelque sorte, réducteurs : la pédagogie et la rhétorique pour le premier, le droit pour le second. Notre parti pris est d’interroger leur œuvre depuis une perspective originale, à savoir la pensée de l’action humaine, et d’interroger en même temps le dialogue ou les résonances entre ces deux penseurs a priori opposés par les traditions universitaires mais dont nous pensons qu’ils ne le sont pas tant que cela. Dans le De Disciplinis (1531), puis dans le De anima et vita (1538), Vives construit de manière systématique une théorie de la nature humaine de l’intérieur de la tradition aristotélico-thomiste. Dans ce cadre, Vives considère que l’action humaine a comme fondement l’enquête de la connaissance de soi-même au sens socratique du terme. C’est la raison, grosso modo, qui fait l’homme un être libre dans le monde mais, et c’est en cela que réside son apport majeur à l’anthropologie philosophique de l’époque, il s’attache à intégrer à cette pensée de l’homme et de la détermination de l’action les passions de l’âme, qui jouent un rôle central dans sa psychologie et son anthropologie philosophique. Dans ces mêmes années, et au sein de la même tradition théologique et philosophique, Vitoria s’attache dans son De actibus humanis à construire une théorie de l’action humaine. Par son commentaire de la Somme théologique de Thomas d’Aquin, Vitoria pense l’action humaine dans le contexte de la découverte du Nouveau Monde et avec la volonté de respecter et de ne pas négliger la complexité de la nature humaine. Sa pensée parvient ainsi à renouveler l’anthropologie ’un point de vue théologique par l’enrichissement que constitue l’apport de la tradition humaniste dans laquelle Vitoria a lui aussi été formé. Je m’attacherai à déterminer comment ces deux philosophes, chacun depuis la tradition qui est la sienne, affichent une volonté commune de renouveler la pensée anthropologique par une meilleure prise en considération du corps et de la complexité humaine pour mieux assurer l’action humaine. C’est là une question de la plus haute importance dans le contexte de la rupture de l’Eglise entraînée par la Réforme et du débat sur la question de la justification de l’homme. La question de l’action humaine et ses adjacents (volonté, responsabilité) est donc au cœur de l’image que la philosophie de l’époque se fait de l’homme, de sa place dans le monde et de son rapport à Dieu à un moment de profonde remise en question. Mon ambition est donc de réintégrer la philosophie de l’action développé par les philosophes espagnols dans la tradition de l’histoire des idées qui prépare la modernité sur les plans moral, juridique, psychologique et anthropologique.