Thèse soutenue

La civilisation du samba : Sociologie des ritmistas d’école de samba à Rio de Janeiro

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Auteur / Autrice : Antoinette Kuijlaars
Direction : Lilian MathieuLionel Arnaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 30/11/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon). Gypsothèque
Jury : Président / Présidente : Christine Détrez
Examinateurs / Examinatrices : Camille Goirand
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Vidal, Marc Perrenoud

Résumé

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« Plus grand spectacle du monde », le défilé carnavalesque des écoles de samba cariocas constitue une pratique culturelle à la fois associée à une population marginalisée, noire et populaire, et portée comme un symbole de la culture nationale brésilienne transcendant les appartenances de classe et de race. L’étude ethnographique du quotidien et des pratiques des ritmistas qui composent les baterias, « cœur » percussif des défilés, a pour objectif de mettre au jour les enjeux de cette contradiction. Celle-ci, inhérente aux écoles de samba depuis leur apparition dans les années 1920-30, se traduit dans une quête de légitimité, de respectabilité et de civilisation de la part de ces institutions comme des individus qui les composent, ce qui conduit à la mise en place d’une discipline caractérisée par l’euphémisation des marqueurs raciaux et le lissage des relations de classe, ainsi que de rapports de légitimité complexes. L’approche repose sur une mise en perspective sociohistorique, théorique et politique du matériau ethnographique. Elle se situe dans le cadre d’une sociologie configurationnelle appliquée à la sociologie de la domination, et attachée à la mise au jour des rapports d’interdépendance à de multiples niveaux ainsi que des reconfigurations en train de se faire. L’objectif de cette thèse est de questionner les matérialisations sociales, symboliques et pratiques d’une configuration de rapports de pouvoirs dans un contexte postcolonial et postesclavagiste. La quête de civilisation des écoles de samba, inscrite dans le processus de civilisation brésilien, engendre un vaste dispositif disciplinaire aux dimensions multiples, qui structure les logiques d’appartenance de classe, de race et de genre, et a des effets concrets sur le développement de pratiques musicales à la portée hautement symbolique, ainsi que sur les représentations et trajectoires des ritmistas. La partie introductive de la thèse apporte un cadrage théorique, historique et méthodologique, structurant l’analyse des enjeux spécifiques du terrain des baterias d’écoles de samba. La première partie aborde les baterias en tant que dispositif institutionnel disciplinaire, tant au niveau collectif qu’individuel, au travers de l’étude des conditions sociales de l’entrée dans la pratique, de la configuration du dispositif disciplinaire interne aux baterias, de son inscription dans les corps, et de ses dimensions temporelles. Les caractéristiques de ce dispositif sont au principe de la bateria comme espace de reconfiguration des appartenances de classe, de race et de genre, du fait de l’imbrication des dynamiques de quête et de processus de civilisation, examinées dans la seconde partie. Enfin, la troisième partie questionne les effets de ce processus de civilisation sur les pratiques musicales, en analysant la configuration des modes d’apprentissage, les pratiques d’écoute musicale des ritmistas, ainsi que la fabrique, l’utilisation et la réception des critères de jugement des baterias.