Thèse soutenue

Métamorphoses de la chair : anthropologie du cancer au Cambodge

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Auteur / Autrice : Meriem M'zoughi
Direction : Patrick DeshayesAnne Yvonne Guillou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 14/02/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire d'anthropologie des enjeux contemporains
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Yannick Jaffré
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Formoso, Évelyne Micollier
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Gobatto

Résumé

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Cette thèse s’attache à comprendre les expériences du cancer – des malades et de leur entourage – en s’intéressant aux pratiques de santé, aux traitements et aux soins (produits par celles et ceux qui sont présents, momentanément ou durablement, au sein de l’environnement thérapeutique d’un malade). Il s’agit d’étudier les logiques de soin qui prévalent au Cambodge, en décrivant également les manières dont l’oncologie et les soins palliatifs sont dispensés. Pour ce faire, une enquête ethnologique s’est déroulée entre 2013 et 2016 à Phnom Penh et ses environs. J’ai enquêté pendant près de dix-huit mois dans les deux hôpitaux nationaux qui disposent d’un service d’oncologie, ainsi qu’auprès d’une ONG qui prodigue des soins palliatifs à domicile pour les malades vivant à proximité de la capitale. Cela m’a permis de suivre le quotidien de familles dans et hors du milieu hospitalier. Les expériences du cancer entrelacent des questions sociales, politiques et médicales où les violences ordinaires et les inégalités de santé jalonnent le développement de la biomédecine au Cambodge. Les enjeux spécifiques liés à la cancérologie dans le pays s’inscrivent dans un contexte qui mêle aide humanitaire, relations de patronage et néolibéralisme. Le vécu de la maladie et des soins au quotidien laisse se dessiner les contours d’une maladie en partage où se joue la dialectique du corps biologique et du corps social. Les savoirs sur le cancer imbriquent des conceptions plurielles et complexes du corps et du vivant, qui mettent en exergue les influences du bouddhisme, de l’hindouisme et de l’animisme. Les professionnels, face aux contraintes locales et à l’inadaptation des standards médicaux, font ce qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent. Ils pratiquent une médecine à choix multiples, soumise au clientélisme, qui fait l’objet d’un travail d’appropriation spécifique préalable. Le terme cancer en khmer (mahārīk) renvoie à « la chair nuisible qui croît » ou à la « métamorphose de la chair » et l’expérience de la maladie montre qu’il est question d’une métamorphose qui touche à la fois le corps individuel, social et politique.