Thèse soutenue

Dyskaliémie : fréquence, pronostic, prise en charge et iatrogénèse

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Auteur / Autrice : Laure Abensur
Direction : Patrick RossignolJean-Marc Boivin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale BioSE - Biologie, Santé, Environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Défaillance cardiovasculaire aigüe et chronique (Vandoeuvre-lès-Nancy)
Jury : Président / Présidente : Florence Dumas
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Rossignol, Jean-Marc Boivin, Saïd Laribi, Bruno Riou, Sandrine Charpentier, Laurence Amar
Rapporteurs / Rapporteuses : Saïd Laribi, Bruno Riou

Résumé

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Contexte. Les troubles du potassium sont fréquents et associés à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues, prenant la forme d’une courbe en U. Néanmoins, il existe peu de données sur les dyskaliémies en service d’urgence, en particulier chez des patients non critiques, alors qu’ils représentent une part importante de l’activité des services d’urgence. De plus, nous n’avons pas de données concernant les prises en charge des dyskaliémies par les médecins généralistes. Objectifs : Les objectifs étaient d’étudier les facteurs associés à une dyskaliémie chez des patients non critiques aux urgences, et, de connaître les pratiques des médecins généralistes et des internes de médecine générale face à la découverte d’une hyper ou d’une hypokaliémie (seuils connus, seuils de prise en charge et attitude face aux médicaments ayant une action sur la kaliémie). Méthodes. Pour le premier article, nous avons utilisé les données d’une étude observationnelle transversale multicentrique (onze centres d’urgences). Pour le second article, nous avons mené une enquête téléphonique auprès de 500 médecins généralistes répartis sur le territoire français. Pour le troisième article, nous avons interrogé 357 internes en médecine générale à l’aide d’auto-questionnaires. Résultats. Nous avons décrit les facteurs associés à la présence d’une dyskaliémie dans les services d’urgences chez des patients se présentant dans un état médical non critique. La dyskaliémie y est fréquente et l’hypokaliémie retrouvée chez près de 50 % des patients. Cette proportion est plus importante que celle décrite dans des populations comprenant l’ensemble des passages aux urgences, suggérant que l’hypokaliémie serait prépondérante chez des malades non critiques. L’hypokaliémie est dans cette population associée au sexe féminin et à l’usage des diurétiques thiazidiques. Elle est également associée à un pronostic plus défavorable. En ce qui concerne l’hyperkaliémie, elle était associée aux médicaments bloqueurs du système rénine angiotensine aldostérone et à l’insuffisance rénale chronique. Notre enquête auprès de 500 médecins généralistes du territoire français montre qu’il existe une grande hétérogénéité de la prise en charge des dyskaliémies par les médecins généralistes et que certaines pratiques ne sont pas optimales, par exemple le non contrôle biologique en cas d’hyperkaliémie ou encore l’arrêt définitif de médicaments ayant un effet de protection cardio-vasculo-rénale démontrée. Notre enquête auprès des internes a révélé une grande similitude de pratiques avec celle des médecins en exercice. En effet, que ce soit chez les médecins généralistes ou les internes, les seuils usuels de dyskaliémies sont connus et les divergences reflètent bien les différentes définitions retrouvées dans la littérature. Le résultat le plus saillant est le fait que l’hypokaliémie semble plus négligée que l’hyperkaliémie. Conclusions. Nos trois études convergent vers une probable méconnaissance du risque de gravité de l’hypokaliémie. L’ensemble de ces données confirme l’hypothèse d’une gestion sous-optimale des dyskaliémies, et principalement de l’hypokaliémie en médecine de ville, contribuant possiblement à sa prépondérance aux urgences, pour les patients non critiques. L’hypokaliémie représente une tueuse silencieuse et méconnue qu’il conviendrait de démasquer et de faire mieux connaître, pour un potentiel impact en terme de santé publique.