Thèse soutenue

Domestiquer les femmes, privatiser l’État : une analyse sociologique de la frontière public/privé au prisme des rapports ancillaires en Bolivie et au Pérou

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Auteur / Autrice : Laura Carpentier-Goffre
Direction : Camille Goirand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique, spécialité Sociologie politique comparée
Date : Soutenance le 07/12/2020
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Hélène Combes
Examinateurs / Examinatrices : Camille Goirand, Andrew Canessa, Stéphanie Rousseau, Christine Delphy, Pascale Molinier
Rapporteurs / Rapporteuses : Andrew Canessa, Stéphanie Rousseau

Résumé

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Cette thèse de sociologie politique propose d’interroger la doxa de la dichotomie public/privé au prisme des rapports ancillaires contemporains en Bolivie et au Pérou. Elle s’articule autour des deux axes d’interprétation du slogan féministe « le privé est politique » tels que distingués par Anne Phillips : d’une part, ce qui se joue dans la sphère privée est proprement politique ; d’autre part, ce qui s’y passe affecte le champ politique. Ainsi, sans négliger les mécanismes à travers lesquels le racisme structurel façonne les inégalités de classe en Bolivie et au Pérou, cette recherche met en relief le poids des violences masculines intrafamiliales dans l’entrée et le maintien en domesticité des migrantes rurales. Elle interroge ensuite les dynamiques à travers lesquelles les rapports sociaux de sexe, de race et de classe se (re)produisent à l’échelle microscopique des foyers employeurs. L’attention portée là encore au continuum des violences patriarcales conduit à interroger l’idée selon laquelle la travailleuse domestique n’appartient pas à la famille employeuse. Dans le régime de citoyenneté qui a été remis en question en Bolivie depuis l’élection d’Evo Morales mais qui est toujours en vigueur au Pérou, l’administration publique de la question ancillaire demeure largement tributaire des intérêts particuliers de législateurs et de fonctionnaires elles- et eux-mêmes employeur·se·s de travailleuses domestiques. Le contraste entre ces deux univers institutionnels s’estompe dès lors que l’on s’intéresse plus spécifiquement à la gestion étatique des violences sexistes et sexuelles, dont les travailleuses domestiques sont loin d’être les seules femmes victimes.