Thèse soutenue

Le jardin « porte-paysage » : Rencontre des urbanités dans le détroit de Gibraltar (Tanger, Maroc).
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Auteur / Autrice : Eugénie Denarnaud
Direction : Vincent Piveteau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du paysage
Date : Soutenance le 11/09/2020
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Recherche de l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage (LAREP ; Versailles Marseille) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Marc Besse
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Besse, Anne Sgard, Joëlle Zask, Romain Simenel, Bernadette Lizet, Philippe Descola, Ahmed Aarab
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Sgard, Joëlle Zask

Résumé

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Cette thèse s’attache à questionner le rôle d’un jardin informel, fortement porteur de sens, dans la compréhension de la relation au paysage des Tangérois. Ce jardin interstitiel œuvrerait, non comme un espace simplement récréatif et décoratif, mais comme un talisman paysager. L’objet de la recherche est l’étude de jardins vernaculaires, nés dans un phénomène urbain massif, initié en l’an 2000. Une étude critique du paysage local, menée par l’observation ethnobotanique, géographique et paysagère d’actions jardinières potentiellement coercitives, est conduite dans le contexte actuel de planification urbaine. À certains égards, les Tangérois sont des marcheurs, des arpenteurs, des connaisseurs de leur environnement. Ils tirent une interaction positive avec leur milieu dans un contexte métropolitain : connaissance des fleurs ; des résines ; des abeilles ; des animaux sauvages ; des phénomènes météorologiques et géologiques. Autant d’éléments hétérogènes qui entrent dans ce qu’on peut nommer le paysage. Cette particularité tangéroise a permis d’explorer le fait urbain sous deux angles. D’abord celui de la cité séculaire sans cesse réinventée dans son territoire. Puis, celui de la ville comme reflet contemporain de la modernité. La question plus globale qui sous-tend cette recherche est : de quelle façon le jardin induit-il une relation au paysage ? De quelle manière la recherche portée sur une figure achétypale du jardin, permet-elle de comprendre une relation étendue à la nature et au grand territoire ? Les statuts informels et interstitiels des espaces observés, font qu’ils sont des lieux de marges, de frontières, qui sont précisément des espaces de transformation et d’accueil de l’altérité, et non des lieux de la séparation. Le corps de la recherche est centré sur la question suivante. Comment est-ce que l’invisible, l’ordinaire, « l’a-spectaculaire » est-il porteur d’une forme de réinvention de relation au monde ? Comment est-ce que, retisser des histoires de jardins et de jardiniers, permet-il de concevoir un mode de relation à la terre, qui ouvre sur d’autres liens possibles au vivant ? Comment le caractère hybride de ces espaces, conduit-il les jardiniers et ceux qui sont en contact avec leurs savoir-faire, à composer avec l’instabilité du monde contemporain et à s’insérer dans l’expansion métropolitaine de la ville ? Par un ensemble d’actions, une gamme de modes relationnels au paysage s’est révélée dans l’étude. La double temporalité du jardin de pied d’immeuble s’éclaire dans ce contexte. Il est à la fois, quelque chose de proprement contemporain, lié à un exode rural et à une culture paysanne proche ; et, dans une certaine mesure, un des préalables à l’édification urbaine, un « porte-chance » pour les nouveaux arrivants. En cela, le jardin est le lieu d’une continuité culturelle et le lieu d’un investissement des communautés, dans la construction de la ville. L’enquête ethnographique et l’importance octroyée à l’arpentage de terrain, permet d’entrevoir un renouvellement de l’approche méthodologique en sciences du paysage. En quoi est-ce que la méthode de lecture du paysage est-elle infléchie par le terrain ? De quelle manière transforme-t-il celui qui y évolue ? Le faisceau d’éléments hétérogènes glanés dans l’étude, constitue une sémantique du lieu, par des effets de juxtaposition et de rapprochement a posteriori. Le pistage d’indices et la capture de fragments, font partie des outils principaux du terrain. Herbier, photographie, cartographie entrent dans cette collecte documentaire qui constitue un exsiccata dont la thèse se veut être le lieu de formulation et de traduction.