Thèse soutenue

L’expérience carcérale du handicap
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Auteur / Autrice : Yana Zdravkova
Direction : Serge Ebersold
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie. Sociologie - travail social
Date : Soutenance le 06/07/2020
Etablissement(s) : Paris, HESAM
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Abbé Grégoire (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation de la thèse : Conservatoire national des arts et métiers (France ; 1794-....)
Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique / LISE
Jury : Président / Présidente : Marc Bessin
Examinateurs / Examinatrices : Léa Lima
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Blanc, Corinne Rostaing

Résumé

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Cette recherche porte sur l’expérience carcérale du handicap. Il s’agit d’analyser la manière dont le milieu pénitentiaire rend socialement signifiantes les particularités physiques et mentales. Mobilisant l’ethnographie multi-située, s’appuyant sur une approche constructiviste et pragmatique, la thèse analyse l’imbrication des catégories politiques, morales et pragmatiques dans la construction des déficiences et donc du handicap en prison. La première partie sert à construire et à conceptualiser l’objet de la recherche. Y sont interrogés les liens et les frontières entre le handicap et la peine de prison, construits en tant que catégories de l’action publique s’organisant autour de la dialectique entre vulnérabilité et responsabilité des détenus. Un volet sociohistorique met en perspective la construction de ces deux catégories autour de la frontière entre capable et incapable. Enfin, une analyse documentaire permet de saisir le poids des droits humains et individuels sur la mise en sens du handicap en prison. La deuxième partie, basée sur une ethnographie menée dans quatre prisons pour hommes, analyse le conflit entre différentes conventions sociales – une « convention en renommée » caractéristique du monde pénitentiaire et une « convention de protection » caractéristique du monde du handicap – que provoque la présence de détenus présentant des déficiences. Cette « épreuve » pour le monde pénitentiaire se résout dans les accords concrets des actrices et acteurs autour de principes de justice opposés. Ces accords donnent lieu à des régimes d’action matérialisés par des dispositifs, aménagements ou adaptations. L’analyse des configurations de chaque établissement permet de comprendre le handicap comme ancré et s’instituant dans des significations produites localement. Enfin, la troisième partie se centre sur l’expérience individuelle des hommes détenus (dits ou se disant) handicapés. Dans un milieu où la masculinité représente un référentiel normatif, ils contreviennent à cet « ordre », nécessitant soin et protection. A travers les entretiens, leurs itinéraires, leurs identités et leur vie carcérale apparaissent marqués par un dilemme qui devient une double contrainte leur imposant de répondre à la fois aux injonctions de protection et d’autonomie. Dépossédés de tout support, ils doivent se montrer capables d’agir sur eux-mêmes.