Thèse soutenue

Modulation de la supraconductivité hors équilibre avec un STM
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Auteur / Autrice : Thomas Jalabert
Direction : Claude ChapelierFlorence Lévy-Bertrand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique de la matière condensée et du rayonnement
Date : Soutenance le 15/12/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale physique (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de transport électronique quantique et supraconductivité (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Julia Meyer
Examinateurs / Examinatrices : Teunis Martien Klapwijk, Clemens Winkelmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Tristan Cren, Anne Anthore

Résumé

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Les performances des circuits supraconducteurs sont souvent limitées par la dynamique des quasiparticules, c’est pourquoi la supraconductivité hors équilibre suscite un intérêt de longue date. Pour sonder les mécanismes microscopiques mis en jeu dans un tel système, l’injection de quasiparticules a déjà été réalisée à l’aide de jonctions tunnel à l’échelle mésoscopique grâce aux progrès de la nanotechnologie moderne. Cependant, les jonctions tunnel lithographiées ont une résolution spatiale limitée et ne permettent pas de faire varier indépendamment la tension appliquée et le courant tunnel. Afin de surmonter ces difficultés, la nouveauté de ce travail de thèse est d’utiliser un microscope à effet tunnel (STM) fonctionnant à très basse température (50 mK) pour moduler le courant critique de nanofils supraconducteurs en faisant varier la position de la pointe et les conditions tunnel.Dans de fins nanofils de niobium recouverts d’or, nous avons mesuré une réduction radicale du courant critique en injectant par effet tunnel un courant de quasiparticules inférieur de six ordres de grandeur. Nous interprétons cette observation par une augmentation locale de la température électronique, et suggérons également que ce même mécanisme est à l’oeuvre dans les transistors supraconducteurs à effet de champ (SuFETs). Le courant critique dépend fortement de la position d’injection dans le nanofil, du taux d’injection et de l’énergie des quasiparticules. Pour des énergies grandes devant le gap supraconducteur, la réduction du courant critique est contrôlée par la puissance injectée. Nos mesures montrent que la diffusion de chaleur par les quasiparticules et les phonons explique la dépendance du courant critique avec la puissance et la position d’injection, et permettent de sonder le couplage électron-phonon dans nos échantillons. En revanche, en diminuant l’énergie des quasiparticules à taux d’injection constant, le courant critique décroit fortement près du gap supraconducteur, ce qui montre que le modèle de quasi équilibre thermique n’est plus valide. Nous expliquons ce comportement par une fonction de distribution des quasiparticules hors équilibre et non Fermi Dirac, et ceci nous permet d’estimer le taux de relaxation des quasiparticules. Nous avons également étudié les propriétés spectrales des nanofils en présence de courant, et induit des vortex avec un champ magnétique pour créer des inhomogeneités spatiales dans la densité d’état. Nous avons ainsi mis en évidence l’effet de piégeage des quasiparticules par les vortex à l’échelle nanométrique, ce qui présente un intérêt particulier puisque jusqu’ici les seules expériences qui permettaient d’étudier la dynamique d'un système supraconducteur inhomogène sondaient nécessairement un volume macroscopique, rendant difficile l’interprétation des mesures en termes d’inhomogénéité. Par conséquent, ce travail expérimental ouvre une nouvelle perspective pour étudier la compétition entre diffusion, relaxation et recombinaison de quasiparticules dans les supraconducteurs fortement désordonnés, avec de nombreuses applications dans les domaines de la détection de photons et de l’électronique supraconductrice.