Thèse soutenue

"Filles d'émigration". Les femmes écrivains russes en France (1920-1940) : le "génie de la médiocrité" à l'épreuve de la modernité

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Auteur / Autrice : Youlia Maritchik-Sioli
Direction : Isabelle Després
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes Slaves
Date : Soutenance le 15/06/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des langues et cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Catherine Géry
Examinateurs / Examinatrices : Régis Gayraud
Rapporteurs / Rapporteuses : Leonid Livak, Florence Corrado-Kazanski

Mots clés

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Résumé

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Au cœur de notre interrogation se trouve l’héritage littéraire des « filles d’émigration », c’est-à-dire des femmes écrivains de la jeune génération de la première vague de l’émigration (notamment E. Bakounina, N. Gorodetskaïa, I. Odoevtseva). Aujourd’hui, leurs textes sont réédités. Pourtant, à l’époque leurs écrits étaient rattachés à la catégorie de littérature de dame, ce qui ternit et influe négativement sur leur statut littéraire actuel. Comment lire leur héritage littéraire ? Sont-elles vraiment médiocres et invisibles ou ont-elles encore un « aujourd’hui » ? Sont-elles inévitablement rattachées à l’époque historique de la production de leurs textes ou sont-elles modernes ? Afin de répondre à ces questions, nous avons retenu une approche poétique du langage (sujet, valeur, modernité). Même si les études de genre contribuent à la relecture et la réhabilitation des femmes écrivains considérées comme secondaires ou mineures, il faut constater que, dans le domaine russophone, certaines chercheuses procèdent à l’essentialisation de l’écriture des femmes, en postulant qu’il existe une spécificité de l’œuvre féminine (sujet, expérience, langage). Ce qui signifie qu’une femme est censée écrire comme une femme.Nous avons constaté que la critique de l’émigration avait instrumentalisé la notion de littérature de dame et avaient élaboré des dichotomies – manque d’unité stylistique / unité stylistique, manque de mesure et de goût / sens de la mesure et du goût – afin de lire les écrits des femmes. Une des notions clés du discours critique était bel et bien celle de mesure. Simplement, comment mesurer la mesure ? En s’appuyant sur les travaux de H. Meschonnic et G. Dessons, nous sommes arrivée à la conclusion que cette fameuse mesure défendue par la critique de l’émigration était plus proche d’une mesure-justice, propre au « rythme culturel rhétorique » de l’époque, que d’une mesure-justesse correspondant au projet spécifique de chaque femme écrivain. Ce qui nous a permis de relire l’œuvre des filles d’émigration et les inscrire dans la modernité.