Thèse soutenue

Surveiller la surveillance : assistance aux pilotes à travers son regard et l'analyse des parcours visuels

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Auteur / Autrice : Christophe Antony Lounis
Direction : Mickaël CausseVsevolod Peysakhovich
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Informatique
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Toulouse, ISAE
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Systèmes (Toulouse ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Equipe d'accueil doctoral Analyse, Commande Dynamique et Conception des systèmes (Toulouse, Haute-Garonne)
Laboratoire : Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace (Toulouse, Haute-Garonne). Département conception et conduite des véhicules aéronautiques et spatiaux
Jury : Président / Présidente : Franck Mars
Examinateurs / Examinatrices : Mickaël Causse, Vsevolod Peysakhovich, Franck Mars, Graham Braithwaite, Andrew T. Duchowski, Carolina Diaz-Piedra, Julien Donnot, Stéphane Durand
Rapporteurs / Rapporteuses : Graham Braithwaite, Andrew T. Duchowski

Résumé

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Au cours d’un vol, les pilotes doivent surveiller des instruments de vol spécifiques (indicateur d’attitude, vitesse, altimètre, les paramètres moteurs) ainsi que l’environnement extérieur (repérer des éléments du relief au sol notamment lors de conditions météorologiques dégagées et à basse altitude) pour mettre à jour leur conscience de la situation. Cette activité de surveillance (monitoring), critique durant les phases de vols dites évolutives (décollage, phase d’approche, et atterrissage), tient compte de l’observation et de l’interprétation de la trajectoire, des modes d’automatisation sélectionnés, des systèmes utilisés à bord. Cela suppose une comparaison en temps réel entre les données affichées aux instruments et les valeurs attendues lors des phases de vols. Une surveillance appropriée du cockpit permet de prendre des mesures correctives (ajuster la trajectoire de l’avion lors de la détection d’une déviation observable sur la zone d’attitude) en temps opportun lors de la déviation d’un paramètre, garantissant ainsi un niveau de sécurité optimal. Cette activité de surveillance est structurée en séquence d’engagement et de réorientation de l’attention visuelle du pilote d’un instrument vers un autre. Les rapports d’accidents ont démontré que bien souvent les erreurs de pilotage, tels que des trajectoires incorrectes ou bien une survitesse à l’atterrissage, étaient la résultante d’une surveillance défaillante et/ou inadéquate des instruments du cockpit. L’enjeu de ce travail de recherche est d’’améliorer la sécurité des vols notamment grâce à l’intégration d’un oculomètre et/ou la recherche de solution pour améliorer l’entrainement des pilotes en vue de réduire les erreurs de surveillance à bord. Les mouvements des yeux sont une fenêtre sur l’état cognitif du pilote et permettent de révéler les chemins attentionnels empruntés par l’opérateur à travers son parcours visuel. En lien avec les problématiques de surveillance dans les cockpits, nous avons élaboré un assistant de vol (FETA : Flight Eye Tracking Assistant) basé sur des comportements visuels d’experts (24 pilotes avec plus de 1600 heures de vols). Cet assistant prévient les pilotes, grâce à une alarme auditive, quand ils ne consultent plus suffisamment un instrument de vol en comparaison avec la base de données des mouvements oculaires experts. Une évaluation facteurs humains de cet assistant a soulevé plusieurs problématiques et a ouvert la voie à de nouvelles recherches concernant l’utilisation de métriques reflétant aux mieux les parcours oculaires dans le cockpit et permettant précisément de quantifier l’attention visuelle d’un pilote à bord. Une partie de ce travail de recherche s’appuie sur une comparaison entre novices et experts afin de quantifier la marque de l’expertise. Une méthode utilisant le K coefficient appliqué aux AOI a permis de qualifier l’attention visuelle des pilotes (focal vs ambient) au cours de scenario en simulateur de vols présentant différentes charges d’activité visuomoteur. Des méthodes d’apprentissage machine basée sur des matrices de transition ont permis de classifier l’expertise avec une précision de 91%. Enfin, deux méthodes ont été utilisées pour qualifier et quantifier les stratégies visuelles dans le cockpit. Une méthode utilisant la Complexité de Lempel-Ziv (LZC), un algorithme de compression des données, permettant de mettre en lumière la complexité des séquences de balayage dans le cockpit. Ainsi que le méthode N-gram, a l’origine issue de la recherche sur les séquences ADN, permettant de quantifier les patterns communs au groupe d’expert et la longueur des patterns utilisés.