Thèse soutenue

Essais sur l'accumulation, distribution et taxation du patrimoine
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Clara Martínez-Toledano
Direction : Thomas Piketty
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et politique économiques
Date : Soutenance le 01/07/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris-Jourdan Sciences Économiques (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Olympia Bover
Examinateurs / Examinatrices : Olympia Bover, Daniel Waldenström, Gabriel Zucman, Facundo Gonzalez Alvaredo, Gabrielle Fack
Rapporteurs / Rapporteuses : Daniel Waldenström, Gabriel Zucman

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse analyse l'accumulation, la distribution et la taxation du patrimoine, en utilisant le contexte espagnol comme laboratoire. Les deux premiers chapitres mettent l’accent sur l'immobilier. Dans le premier chapitre, nous reconstituons le patrimoine national de l'Espagne entre 1900 et 2017. En combinant de nouvelles sources avec des comptes nationaux existants, nous estimons le patrimoine des secteurs privés et publics, et nous réalisons une nouvelle décomposition spécifique par type d’actif de l'accumulation du patrimoine à long terme. Nous constatons qu'au cours du 20e siècle, le ratio patrimoine/revenu est resté dans une fourchette relativement étroite — entre 400 et 600% — jusqu’à ce que la bulle immobilière du début des années 2000 conduise à une augmentation jusqu’à 800% en 2007. Nos résultats mettent en évidence l'importance de l’immobilier, des plus-values et les flux de capitaux internationaux comme éléments clés de l'accumulation de richesses. Dans le deuxième chapitre, j’étudie les conséquences des bulles immobilières sur les inégalités du patrimoine, en examinant deux épisodes de ce type au cours des quatre dernières décennies en Espagne. Je combine des données fiscales avec des enquêtes des ménages et les comptes nationaux pour reconstruire la distribution du patrimoine total, et je développe une nouvelle décomposition spécifique par type d’actif de l'accumulation du patrimoine pour démêler les principales forces derrière la dynamique des inégalités (par exemple, les plus-values et le taux d'épargne). Je trouve que la part du patrimoine des 10% les plus riches diminue lorsque la valeur des logements augmente fortement, mais cette tendance s'inverse pendant les crises. Les différences de plus-value entre les différents groupes semblent être le principal moteur de la concentration de la richesse pendant les bulles. En revanche, des différences persistantes entre les taux d'épargne des différents groupes de richesse, ainsi que les rééquilibrages des portefeuilles vers des actifs financiers sont les principales forces qui expliquent l'évolution inverse après l’explosion de la bulle. Je montre que l'hétérogénéité des réponses enregistrées est cohérente avec l'existence de grandes différences dans les coûts d'ajustement de portefeuille entre les groupes de richesse et que les incitations fiscales peuvent exacerber ce comportement différentiel d'épargne. Ces résultats fournissent de nouveaux faits empiriques pour enrichir les théories macroéconomiques sur des inégalités du patrimoine au cours du cycle économique. Dans le troisième chapitre, nous étudions l'effet des impôts annuels sur le patrimoine sur la migration. Nous analysons la décentralisation unique du système espagnol de l'impôt sur la fortune après sa réintroduction en 2011. Madrid est la seule région qui n'a pas réintroduit cet impôt. En utilisant des registres administratifs de l'impôt sur le revenu appariés avec l'impôt sur la fortune, nous exploitons la variation quasi expérimentale des taux d’imposition générée par la réforme pour comprendre les réponses de mobilité des individus à haut patrimoine et l'effet qui en résulte sur les revenus collectés par l'impôt sur la fortune et des inégalités de patrimoine. En agrégeant les données individuelles par région, année, et niveau de richesse des déclarants, nous constatons que cinq ans après la réforme, le nombre d’individus riches et le stock de patrimoine résidant dans la région de Madrid augmentent respectivement de 11% et 12% par rapport aux autres régions avant la réforme. En utilisant un modèle de choix individuel, nous montrons que conditionnellement a fait de migrer, le taux d'imposition zero a augmenté la probabilité de changer de résidence fiscale pour Madrid de 24 points de pourcentage. Nous montrons que le statut de Madrid en tant que paradis fiscal aggrave les inégalités régionales de patrimoine, diminue l'efficacité de la taxe et aggrave la concentration du patrimoine.