Thèse soutenue

Approches formelles de l'analyse du discours : relations discursives et verbes d'attitude propositionnelle

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Auteur / Autrice : Timothée Bernard
Direction : Laurence DanlosPhilippe de Groote
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique théorique, descriptive et automatique
Date : Soutenance le 09/01/2019
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du langage (Paris ; 1992-2019)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de linguistique formelle (Paris) (1972-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Jacques Jayez
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Danlos, Philippe de Groote, Jacques Jayez, Laura Kallmeyer, Lucas Champollion, Sylvain Pogodalla
Rapporteurs / Rapporteuses : Laura Kallmeyer, Lucas Champollion

Résumé

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Cette thèse s’intéresse aux formalismes qui permettent de représenter mathématiquement non seulement le sens de phrases indépendantes mais aussi de textes entiers, en incluant les liens de sens que les différentes phrases qui les composent entretiennent les unes avec les autres. Ces liens de sens — les relations discursives — sont divers ; nous trouvons notamment des relations temporelles, causales et contrastives. Nous ne nous posons pas seulement la question du sens et de sa représentation, mais aussi celle de la détermination algorithmique de cette représentation à partir des séquences de mots qui composent les énoncés. Nous nous situons donc à l’interface de trois traditions : l’analyse discursive, la sémantique formelle et la linguistique computationnelle.La plupart de travaux formels portant sur le discours ne prêtent que peu d’attention aux verbes de dire (affirmer, dire, etc.) et d’attitude propositionnelle (penser, croire, etc.). Tous ces verbes, que nous regroupons sous l’abréviation « VAP », ont en commun d’exprimer l’attitude ou la position d’une personne sur une proposition donnée. Ils sont utilisés fréquemment et introduisent de nombreuses subtilités échappant de fait aux théories actuelles. Cette thèse a pour objectif principal de mettre à jour les principes d’une grammaire formelle compatible avec l’analyse du discours et prenant en compte les VAP. Nous commençons donc par présenter de nombreuses données linguistiques illustrant les interactions entre VAP et relations discursives.Il est souvent considéré que les connecteurs adverbiaux (ensuite, par exemple, etc.) sont anaphoriques. Cependant, nous pouvons nous demander si, en pratique, un système de linguistique computationnelle ne peut pas gérer cette catégorie particulière d’anaphore comme s’il s’agissait d’un type de dépendance structurelle, étendant d’une certaine manière la syntaxe au-delà de la phrase. C’est ce que nous nous proposons de faire à l’aide du formalisme D-STAG. Une telle approche, bien qu’ayant un certain nombre de propriétés intéressantes dans le cadre de l’analyse automatique du discours, fait peser un poids important sur la syntaxe, et nous discutons alors les difficultés qu’elle soulève.Cela nous amène à développer une approche anaphorique, c’est-à-dire dans laquelle les arguments des relations discursives ne sont plus déterminés uniquement par la structure grammaticale des énoncés. Ce sont les mêmes outils conceptuels que nous utilisons pour rendre compte de l’anaphoricité des connecteurs adverbiaux, des structures discursives non-arborées (observées avec tout type de connecteurs), mais aussi de l’usage évidentiel des VAP.Cependant, si nous employons la notion d’anaphore, nous voulons l’intégrer explicitement dans le formalisme grammatical, en spécifiant quand sont exécutées les résolutions d’anaphore et avec quelles informations en entrée. Cela est possible avec la sémantique par continuation, que nous utilisons en combinaison à la sémantique événementielle. Les événements sont souvent invoqués pour exprimer la sémantique des relations notamment causales ou temporelles, mais posent aussi un certain nombre de questions, liées aux schémas logiques d’inférence qu’autorisent les énoncés linguistiques ainsi qu’à la présence de la négation pour exprimer les arguments des relations discursives. Nous avançons plusieurs pistes pour y répondre et étudions plus en détail le cas de la négation.Nous revenons ainsi sur les difficultés que pose la négation linguistique pour une analyse sémantique événementielle, qui concernent autant l’interface syntaxe-sémantique que le niveau purement sémantique. Nous montrons que ces difficultés ont pour origine l’analyse standard de la négation, qui traite phrases positives et phrases négatives de manière fondamentalement différente. Rejetant cette vue, nous présentons une formalisation nouvelle de la notion d’événement négatif, adaptée à l’analyse de divers phénomènes linguistiques.