Thèse soutenue

Microstructure et procédés techniques des porcelaines qinghua : une approche de type science des matériaux
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Auteur / Autrice : Ariane Pinto
Direction : Philippe SciauJesse Groenen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique de la matière
Date : Soutenance le 10/10/2019
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Sciences de la Matière (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'élaboration de matériaux et d'études structurales (Toulouse ; 1988-....)

Résumé

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La porcelaine à décor bleu et blanc, ou porcelaine qinghua, est l'une des céramiques les plus célèbres au monde. Produite dès le XIIIe siècle dans les fours de Jingdezhen (province du Jiangxi), elle se caractérise par l'usage d'un décor sous glaçure à base de métaux de transition (cobalt principalement mais également fer ou manganèse). Ce type de porcelaine est constitué d'une structure en couche qui se prête particulièrement bien à une décomposition en différents systèmes (glaçure, zone pigmentaire, pâte, interface entre la pâte et la glaçure dans les zones sans décor). Notre thèse a pour objet l'étude de la microstructure des différents systèmes et sous-systèmes constituants la porcelaine afin, par une approche de type " rétro-ingénierie ", de remonter aux procédés techniques à l'origine de la fabrication de ces objets. Pour ce faire, 33 échantillons datés des dynasties Yuan (1279-1368), Ming (1368-1644) et Qing moyenne (1736-1850), fabriqués sur le site de Jingdezhen, ont été étudiés selon une approche multi-analytique. L'étude a permis de mettre en évidence une homogénéité de la composition et des conditions de cuissons des pâtes à haute température, traduisant la standardisation du procédé technique. Les glaçures sont également relativement homogènes à l'exception de certaines glaçures plus riches en calcium qui permettaient une cuisson à plus basse température. Les évolutions technologiques les plus importantes concernent le pigment de cobalt employé pour peindre le décor bleu sous glaçure. Les analyses ont permis de confirmer deux origines différentes du minerai : un cobalt riche en fer probablement originaire de Perse, employé sous la dynastie Yuan (1279-1368), et un cobalt local riche en manganèse et nickel utilisé à partir de la dynastie Ming moyenne (1436-1572). On voit également se développer au Ming moyen (1436-1572), un pigment de synthèse, l'aluminate de cobalt (CoAl2O4) probablement formé par la réaction à haute température du minerai de cobalt et d'une argile alumino-siliceuse. Le pigment de cobalt obtenu est ensuite mélangé à des phases riches en calcium entraînant la croissance de cristaux aciculaires d'anorthite (CaAl2Si2O8), autour des grains de pigment, durant la cuisson. La présence de nombreux gros grains de pigments riches en cobalt, entourés d'une couche épaisse de cristaux d'anorthite permet l'obtention de la couleur bleue la plus intense. Enfin, l'étude fine de la microstructure a permis d'identifier des microstructures "déviantes" appartenant à des vases qui pourraient être des copies modernes.