Thèse soutenue

Santos parados : ethnohistoire et régimes mémoriels des maisons de culte du central Méjico (Matanzas, Cuba)

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Auteur / Autrice : Maxime Toutain
Direction : Stéphanie Mulot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et historique
Date : Soutenance le 14/10/2019
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : François Godicheau
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Mulot, Gaetano Ciarcia, Véronique Boyer-Araújo, Kali Argyriadis
Rapporteurs / Rapporteuses : Gaetano Ciarcia, Véronique Boyer-Araújo

Mots clés

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Résumé

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En 1846, l’esclavagiste Julián de Zulueta y Amondo achète un petit moulin à sucre qu’il baptise Álava où il fait construire un baraquement pouvant détenir jusqu’à 700 esclaves. Certains d’entre eux « fondent » des santos parados, pierres consacrées aux divinités nommées orichas qu’ils enterrent dans divers lieux du baraquement ou conservent auprès d’eux. Le plus connu de ces esclaves se nomme Ta Jorge, « homme de confiance » du maître qui, lors de la traversée de l’Atlantique, a gardé avec lui le santo parado d’Elegguá et une figurine représentant l’oricha-enfant. Aujourd’hui, ces reliques sont au cœur de la ritualité d’une des quatre maisons de culte qui composent le champ religieux de ce batey, rebaptisé central Méjico depuis la Révolution de 1959. Grâce à une enquête ethnohistorique et ethnographique, cette thèse propose une réflexion sur un siècle et demi de dynamiques religieuses cubaines en milieu rural ainsi que sur la relation qu’entretiennent aujourd’hui les pratiquants avec leur passé. Elle montre que, loin d’être remplacé par la santería moderne, le culte des santos parados s’est adapté aux évolutions religieuses de Cuba grâce à de constants échanges entre l’ingenio et son environnement. Ces derniers ont permis l’appropriation par les pratiquants locaux du rituel initiatique du kariocha créant un réseau complexe de parentés rituelles toujours plus dense. Pour autant, les pratiquants continuent de mettre en avant la parenté biologique pour définir les maisons de culte à travers des mémoires narratives performées par rite. Ces récits, construits selon un régime mémoriel généalogique, sont corollaires de discours revendiquant à chaque maison une place au sein de la micropolitique locale. Cette recherche s’intéresse plus particulièrement aux représentations locales du passé servile mises en perspective avec le contexte mémoriel national. Elle met en lumière l’influence des régimes mémoriels macropolitiques de l’esclavage sur les discours micropolitiques comme sur certaines pratiques religieuses infrapolitiques : les possessions par les esprits d’esclaves.