Thèse soutenue

Repenser la croissance économique et le changement structurel : le rôle des frontières et des liens entre industries

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Charlotte Guillard
Direction : Robin CowanPierre Mohnen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 27/11/2019
Etablissement(s) : Strasbourg en cotutelle avec Universiteit Maastricht
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Augustin Cournot (Strasbourg ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bureau d'économie théorique et appliquée (Strasbourg ; 1972-....)
Jury : Président / Présidente : Bart Verspagen
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Llerena
Rapporteurs / Rapporteuses : Swati Dhingra, Koen Frenken

Résumé

FR  |  
EN

Le développement économique est associé à des changements des structures de production et d'exportation. Chaque pays maîtrise un ensemble de capacités, c'est-à-dire un ensemble de tâches et de connaissances nécessaires à la réalisation de certains produits. La maîtrise de capacités supplémentaires permet aux pays de produire des produits ou des technologies plus complexes. Comprendre le développement économique implique de comprendre comment les pays peuvent ajouter de nouveaux produits à leur panier de production et d'exportation et développer des industries particulières. Chaque industrie a des caractéristiques spécifiques en termes de capacités,de technologies et de connaissances et en termes de nature de leur production. Dans cette thèse, je fournis des évidences empiriques de l'importance des frontières et des liens entre les industries pour comprendre le changement structurel et la dynamique de la croissance économique. Le chapitre 2 propose une nouvelle méthodologie pour identifier les patrons d'organisation des industries et leur évolution dans le temps. Pour ce faire, j'analyse la structure de cluster du réseau de produits construit à partir de données d'exportation. Les résultats montrent que les produits se regroupent selon différents facteurs : leur complexité et leurs domaines technologiques, l'abondance de main-d’œuvre peu qualifiée ou des ressources naturelles dont ils ont besoin, ainsi que les chaînes de valeur mondiales et l'intégration verticale de leur processus de production. De plus, les résultats montrent que les domaines technologiques et les frontières entre les industries ne sont pas toujours clairs et peuvent évoluer avec le temps.Dans le chapitre 3, j'étudie la dynamique de la croissance économique en examinant les caractéristiques et les déterminants des transitions entre les différents régimes de croissance à moyen terme (croissance rapide, croissance lente et récession) en utilisant un modèle semi-markovien. Les résultats indiquent que l'effet du secteur manufacturier sur la croissance économique est loin d'être uniforme et que la mesure de la structure économique importe également. De plus, les clusters de produits ayant une intensité technologique similaire jouent un rôle différent dans la dynamique de la croissance, et les chaînes de valeur mondiales (CVM) peuvent expliquer certaines de ces différences. En outre, bien que l'industrie textile soit souvent considérée comme un tremplin vers l'industrialisation, dans cette étude, l'effet de ce cluster est négatif dans de nombreux cas. Enfin, cette analyse met en évidence la présence de «pièges de récession», largement induits par une plus grande spécialisation des clusters manufacturiers basés sur les ressources naturelles. Les différences entre les industries affectent non seulement le processus de croissance du fait d’écarts de productivité, mais aussi à travers la stimulation qu'elles fournissent au reste de l’économie par le biais de liens en amont et en aval. Le chapitre 4 examine l'impact des interconnexions entre les industries sur les performances économiques, en se concentrant sur la dynamique de la demande (c'est-à-dire les liens en amont). L’assouplissement de deux hypothèses fortes associées au calcul traditionnel du multiplicateur de production permet d'estimer le degré de réponse aux chocs de demande des industries fournisseurs. Les résultats montrent qu'il existe des différences significatives entre les industries et les pays. Les industries manufacturières, et en particulier les biens de consommation finale, ont tendance à être moins sensibles aux chocs de la demande par rapport aux services. Des différences importantes sont également observées entre les pays, car les industries manufacturières des pays développés ont tendance à être moins sensibles aux chocs de la demande que dans les pays en développement.