Des professionnel·le·s de la représentation populaire. Les community organizers à Chicago - TEL - Thèses en ligne Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2019

When shaping people's representation is a job. Community organizers in Chicago

Des professionnel·le·s de la représentation populaire. Les community organizers à Chicago

Résumé

Community organizing is one of the most legitimate forms of collective action in the United States today, fostering the participation of urban working classes that are structurally excluded from the political field. And yet, the conditions of possibility of such socially unlikely participation have received little scholarly attention. Based on an ethnographic and sociohistorical inquiry conducted in Chicago, the historic birthplace of that repertoire of collective action, my goal in this dissertation is to address this gap by focusing on the group of professionals, called community organizers, who make popular and lay political participation and representation possible. The central paradox here is that, contrary to what the literature in political sociology usually argues, these professionals refuse to speak on behalf of the mobilized community, actively stepping back behind the spokespeople they select and train. What does the study of this role say about the links between processes of institutionalization, professionalization and politicization/depoliticization? In order to make sense of the original dissociation between the professional’s role and that of the spokesperson and understand how it affects the division of political work, the dissertation shows how the role of “leader-maker” has emerged, taken shape and been legitimized from the 1970s onwards, at the junction of, on the one hand, the reform-minded community organization tradition dating back to the early 20th century, and on the other, the legacy of the contentious politics of the 1960s and 1970s. I then shift the focus to what this hybrid role, where claims of professional expertise and mobilization and politicization cannot be disentangled, actually looks like in terms of daily practices developing popular representation. These practices occur within a space of political intermediation broadly shaped by networks of interdependencies with other competing sectors (the political and philanthropic fields, the “space of social movement”) which are beyond the lay spokespeople’s reach. By looking at organizers’ individual trajectories, however – from their social dispositions towards commitment to the actual incorporation of this pragmatic practical sense and the ways individuals can stay in the field or exit the role towards other career opportunities – the research shows that becoming an organizer can confirm or initiate dynamics of individual politicization.
Alors que le community organizing constitue aujourd’hui l'une des formes d'action collective les plus légitimes aux États-Unis, encourageant la participation de classes populaires urbaines que tout exclut du champ politique, les conditions de possibilité de cette participation improbable restent peu étudiées. À partir d'une enquête ethnographique et sociohistorique menée à Chicago, berceau historique de ce répertoire d’action, cette thèse se penche sur le groupe de professionnel·le·s, les community organizers, qui font exister une participation et une représentation politiques profanes. Pourtant, contrairement aux arguments classiques de la sociologie politique, ces professionnel·le·s refusent de parler au nom du groupe mobilisé, la community, se mettant activement en retrait derrière des porte-parole populaires qu’ils et elles sélectionnent et forment. Que dit l’étude de ce rôle des liens entre institutionnalisation, professionnalisation et politisation/dépolitisation ? Pour saisir les ressorts de cette dissociation originale entre professionnel·le et porte-parole et ses effets sur la division du travail politique, on montre comment ce rôle de « faiseur de représentants » émerge, se consolide et se légitime à partir des années 1970, à la frontière entre, d’une part, la tradition d'intervention sociale héritée des initiatives réformatrices des premières décennies du XXe siècle, et d’autre part les pratiques contestataires héritées des mouvements sociaux des années 1960 et 1970. La thèse expose ensuite comment ce rôle hybride, où revendication d’expertise professionnelle et travail de mobilisation et de politisation sont indissociables, se manifeste dans des pratiques quotidiennes de mise en représentation populaire. Celles-ci s’inscrivent dans un espace d’intermédiation largement déterminé par des relations d’interdépendance avec d'autres espaces et champs concurrents (champs politique et philanthropique, « espace des mouvements sociaux ») qui échappent aux porte-parole profanes. Enfin, en déplaçant la focale vers les trajectoires des community organizers, de leurs dispositions à l'engagement aux modalités de maintien dans le rôle ou de reconversion dans d’autres espaces professionnels en passant par l'incorporation en acte de ce sens pratique militant pragmatique, on voit néanmoins que devenir community organizer peut confirmer ou enclencher des dynamiques de politisation individuelle.
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Dates et versions

tel-02443498 , version 1 (17-01-2020)

Identifiants

  • HAL Id : tel-02443498 , version 1

Citer

Clément Petitjean. Des professionnel·le·s de la représentation populaire. Les community organizers à Chicago. Sociologie. Université Paris Saclay (COmUE), 2019. Français. ⟨NNT : 2019SACLV068⟩. ⟨tel-02443498⟩
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