Thèse soutenue

Aides à la mobilité et insertion sociale
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Auteur / Autrice : Denis Anne
Direction : Yannick L'Horty
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 04/12/2019
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Equipe de Recherche sur l’Utilisation des Données Individuelles en lien avec la Théorie Economique (Créteil ; 1992-....) - Equipe de Recherche sur l’Utilisation des Données Individuelles en lien avec la Théorie Economique / ERUDITE
Jury : Président / Présidente : François Jean Legendre
Examinateurs / Examinatrices : Yannick L'Horty, Catherine Baumont, Etienne Lehmann, Elise Huillery, Dominique Mignot
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Baumont, Etienne Lehmann

Mots clés

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Résumé

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La mobilité est devenue un enjeu important et un objectif majeur des politiques publiques en faveur des ménages pauvres. La recherche a largement montré que les populations les plus éloignées de l’emploi l’étaient également d’un point de vue purement spatial. Souvent éloignées des zones d’emploi, connaissant une plus grande précarité financière, les plus pauvres ont davantage de difficultés à trouver un emploi, se rendre sur leur lieu de travail, accéder aux services publics ou aux aménités locales. Une partie de la littérature s’est attachée à expliquer cette ségrégation spatiale ; une autre à montrer ses conséquences négatives et les cercles vicieux dans lesquels elle enfermait la pauvreté ; une troisième à analyser les moyens de la réduire en désenclavant ces territoires. Cette thèse vise à apporter un éclairage spécifique sur les aides à la mobilité apportées aux ménages défavorisés. Ces aides se sont développées en France essentiellement à partir des années 1990. Bien qu’elles prennent des formes diverses, elles poursuivent le même objectif : favoriser la mobilité spatiale des ménages pauvres, par un accès facilité à un moyen de transport individuel ou collectif. Leur mise en œuvre est essentiellement locale. Il existe peu de travaux qui ont cherché à mesurer les conséquences du développement de ces aides. Cette thèse vise à apporter un éclairage particulier sur ce point. Dans un premier temps, nous proposons une étude du développement de ces aides depuis les années 1980 et surtout 1990, à partir d’une impulsion nationale, mais avec des applications locales très variées. Nous cherchons à mesurer dans quelle mesure ces aides ont pu interagir aussi bien avec le système national d’aide sociale qu’avec les autres aides locales apportées par les différentes collectivités. Nous montrons que ces aides ont pu contribuer à renforcer des effets de seuil et des trappes à pauvreté qui étaient propres au mécanisme du RMI et qui ont amené à son remplacement par le RSA. Nous montrons également que cette réforme majeure de l’aide sociale nationale a impacté en retour les aides locales et spécifiquement les aides au transport. Le second chapitre s’intéresse à un aspect ignoré dans le chapitre 1, celui du non recours aux aides sociales. L’originalité de notre travail est de nous pencher sur une aide spécifique au transport (le Forfait Gratuité Transport en Île de France) et d’étudier le non recours à cette aide en intégrant une double dimension spatiale : il s’agit tout d’abord de la distance entre les bénéficiaires et le réseau de transport en commun, susceptible d’expliquer un moindre recours. Il s’agit ensuite de l’influence de l’environnement géographique et notamment des effets de diffusion sur la connaissance et la demande d’une telle aide. Les deux derniers chapitres proposent des évaluations expérimentales d’aides à la mobilité orientées vers de jeunes décrocheurs ayant quitté le système scolaire et n’étant ni en formation, ni en emploi. Pour ces jeunes, la mobilité est centrale pour espérer une insertion professionnelle et sociale. Nous évaluons d’abord seize actions différentes proposées par différents acteurs pour favoriser la mobilité et montrons un effet positif bien que contrasté ; les aides peu intenses ont moins d’effet que les aides plus intenses. Ce constat est largement confirmé dans le quatrième chapitre qui évalue l’expérimentation du Service Militaire Volontaire. Les jeunes sélectionnés reçoivent une formation générale et professionnelle ainsi qu’une préparation au permis de conduire. Ce dispositif extrêmement intense où les jeunes sont encadrés par des militaires donne des résultats impressionnants en termes d’insertion professionnelle et surtout d’obtention du permis de conduire. Pour que des politiques d’aide à la mobilité soient efficaces, tant sur la mobilité que sur l’insertion, nous pouvons conclure qu’il vaut mieux concentrer les moyens sur les plus fragiles