Thèse soutenue

Le vécu du diagnostic et de la phase thérapeutique initiale par les personnes atteintes de pathologies cancéreuses : quels rôles pour la médecine générale au prisme des inégalités sociales de santé ?

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Guillaume Coindard
Direction : Philippe Combessie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 05/07/2019
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...) - Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...)
Jury : Président / Présidente : Olivier Saint-Lary
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Combessie, Olivier Saint-Lary, Olivier Hermine, Martine Bungener, Anne Vega, Yann Bourgueil
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Hermine, Martine Bungener

Résumé

FR  |  
EN

Le médecin généraliste est le principal acteur de l’organisation des soins primaires, tel que défini par les textes en vigueur, aussi bien sur le plan national qu’international. Son rôle dans la prise en charge des patients atteints de cancer reste pour autant à la fois fluctuant, en fonction principalement de la position sociale des patients, et difficile à cerner, tant sur le plan temporel que contextuel. Un emboitement d’études a été réalisé pour tenter de mieux comprendre le rôle du médecin généraliste dans la prise en charge initiale du cancer, c’est à dire de la période diagnostique à la phase thérapeutique à proprement parler. Une première étude qualitative menée auprès de 83 personnes atteintes de pathologies cancéreuses (PAPC) a permis de cerner les principales modalités d’utilisation du système de soins et de définir quels rôles le médecin généraliste pouvait prendre au cours de ces situations. Un deuxième volet qualitatif mené auprès de professionnels de santé, dont des médecins généralistes, a permis de clarifier ces rôles, tandis qu’un volet quantitatif a été mené pour décrire à partir de dossiers de patients atteints de cancer les modalités du recours au médecin généraliste. Les trajectoires de PAPC étaient d’autant plus marquées par les logiques d’endurance qu’ils étaient socialement défavorisés ou issus de milieux populaires. Nous avons également observé comment les difficultés liées au travail du patient étaient grevées par des logiques d’intersectionnalité. D’une absence complète dans les trajectoires de certaines PAPC à un rôle majeur pour d’autres, la découverte du cancer et dans le suivi durant la phase thérapeutique initiale, définir le rôle que peut prendre le médecin généraliste demande à analyser l’ensemble du spectre d’intervention possible, dont l’hétérogénéité reste la règle. Il n’en reste pas moins qu’au cours des deux principaux temps que sont la phase péri-diagnostique et la phase thérapeutique initiale, le médecin généraliste se définit par la pratique d’une médecine d’interface. Cette interface est temporelle, permettant d’accompagner la PAPC dans la rupture biographique particulièrement lourde de conséquence dans la pathologie cancéreuse. Mais elle est aussi spatiale, pouvant accompagner la PAPC dans l’adressage vers l’équipe de soins oncologiques, puis lorsque les traitements anti-cancéreux sont utilisés, vers les professionnels en charge de cette spécificité. Comme toute interface, elle n’est visible pour les PAPC qu’au moment où elle est traversée et demeure dans l’ombre avant et après, à domicile et à l’hôpital. L’enjeu devient alors celui de la communication, où comment le médecin généraliste est en capacité, par ses connaissances, ses compétences, sa posture et ses mots de tisser des liens suffisamment forts pour aider le patient dans sa quête de guérison et dans son travail de reconstruction à la fois physique, psychologique et social.