Thèse soutenue

Les relations afro-maghrébines du foyer au quartier : la fraternité islamique à l’épreuve du quotidien

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Auteur / Autrice : Mahamadou Cissoko
Direction : Claire Lévy-Vroelant
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 03/12/2019
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Wihtol de Wenden
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Bava, Emmanuel Ma Mung
Rapporteurs / Rapporteuses : Mahamet Timera, Sylvie Mazzella

Résumé

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La composition sociale de l’immigration, en France, montre une pluralité d’ « ethnies », de communautés, de professions, de religions. S’agissant des Subsahariens et des Maghrébins, les différences commencent par le phénotype, ensuite elles prennent des formes de préjugés dans les relations sociales entre les individus et les groupes. La vie des immigrés Maghrébins et Subsahariens dans les foyers, dès les années 1950, ainsi que plus tard dans les quartiers, se manifeste par son caractère de groupement qui en renforce l’ethnicisation. Les deux populations occupent des espaces selon leurs origines et leurs cultures. Par ailleurs la racialisation sur la base de la couleur de peau a pu créer un fossé entre la population subsaharienne et la population magrébine, considérées à tort comme un ensemble « immigré » indistinct.Quels rapports entretiennent entre elles, les populations Subsahariennes et les populations Magrébines, en France ? Quelles sociabilités entre les Subsahariens et les Magrébins de même génération ? Des barrières sociales n’ont-ils pas rendu les relations particulièrement sensibles sur la question des alliances matrimoniales et des relations de parenté qui s’ensuivent ? Les Maghrébins comme les Subsahariens, ont-ils réussi à acclimater le style de vie de la société d’accueil avec les traditions distinctes? Quelle est la consistance de la notion de fraternité entre les Subsahariens et les Magrébins ? Par qui et comment est-elle mobilisée ? Au-delà de l’hypothèse d’une fraternité confessionnelle (islamique), ne peut-on constater l’érosion, la mise en cause, voire la disparition de forme de solidarité et de fraternité ? Enfin comment les transformations qui opèrent dans les conditions concrètes d’existence (travail, logement) influencent-elles les sociabilités, et plus généralement le rapport à autrui ?C’est dans la réalité sociale des échanges quotidiens que j’étudie les rapports qu’entretiennent entre eux les groupes composant les « immigrés afro-maghrébins de France ». Le « clivage d’esclavage » et ses représentations associées à la couleur de peau (noire) ont pu créer un écart dans la vie sociale entre le groupe maghrébin et le groupe subsaharien. Leur effet se fait ressentir dans chaque société où se trouvent les deux groupes. Cette disqualification sociale a pu affecter les liens matrimoniaux pour des raisons souvent liées à la couleur noire (et à la couleur blanche) disqualification qui fait revivre le souvenir de l’esclavage pour les Noirs chez les Arabes, ou du moins lui est associé, ce qui explique que l’arabité soit associée à des représentations négatives chez nombre de Subsahariens aujourd’hui. La thèse est construite en cinq parties, la première partie expose l’objet de cette recherche et son récit, suivis par les lexiques racialisants que les relations afro-maghrébines ont pu engendrer à travers le temps. Cette partie présente également un aperçu sur les populations concernées, les terrains qui les hébergent, ainsi que les méthodes empruntées au cours de cette recherche. Dans la deuxième partie, nous avons défini « les groupes et leurs frontière », les Maghrébins et les Subsahariens à travers l’espace et à travers l’histoire des hommes. Puis, nous avons abordé les critères de moralité ainsi que les facteurs d’évaluation chez les Afro-maghrébins. Dans cette partie, nous avons donné plus d’importance à la mobilité et à l’interaction ; d’abord dans le cadre des relations entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne à travers l’histoire notamment l’époque précoloniale, puis nous avons abordés l’immigration afro-maghrébine et la cohabitation interethnique postcoloniale, jusqu’à nos jours.