Thèse soutenue

La traduction du silence dans les romans de K. Ishiguro ˸ une approche narratologique de l’hypothèse de l’explicitation

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Auteur / Autrice : Enora Lessinger
Direction : Claire DavisonRachel Weissbrod
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 14/11/2019
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : Vanessa Guignery
Examinateurs / Examinatrices : Claire Davison, Rachel Weissbrod, Vanessa Guignery, Galia Hirsch, Şebnem Susam-Sarajeva, Bruno Poncharal
Rapporteurs / Rapporteuses : Vanessa Guignery, Galia Hirsch

Résumé

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Cette thèse explore la traduction de quatre romans de Kazuo Ishiguro en cinq langues : le français, l'espagnol, l'hébreu, le portugais et le turc. La centralité de l'implicite et du non-dit dans le pacte narratif appelle à une participation active du lecteur implicite, ce qui a naturellement des conséquences sur le procédé de traduction : d'une part, le traducteur est en premier lieu un lecteur, et de l'autre la traduction comporte un risque communicationnel accru (Becher 2010a). Afin d'explorer le défi lié à la recréation de la poétique du silence à l’œuvre dans la stratégie narrative de ces romans, le présent travail croise l'étude des universaux de traduction à celle de la poétique narrative, testant au niveau narratif l'hypothèse de l'explicitation proposée par Blum-Kulka en 1986. Cet universel de traduction potentiel postule l'existence d'une tendance à l'explicitation dans le passage du texte source au texte cible. L'approche narratologique adoptée ici constitue une nouvelle perspective dans l'étude de l'explicitation en traduction. Les approches linguistique et cognitive sont présentes avant tout pour permettre de situer l'approche narratologique dans le champ de l'étude de l'explicitation. Les résultats obtenus montrent une tendance globale à l'implicitation de la stratégie narrative dans les récits caractérisés par un pacte narratif collaboratif. Cette implicitation peut prendre la forme d'un remplissage des blancs narratifs et d'une résolution de l'ambiguïté du texte, ou passer par la disparition d'indices textuels permettant au lecteur implicite d'accéder au sous-texte. Ces résultats suggèrent que l'universel de traduction en jeu n'est pas l'explicitation, mais plutôt la réduction de voix narratives complexes (Chesterman 2010).