Thèse soutenue

Patrimonialisation à Doula : enjeux culturels des modes de gouverner et d'aménager en contexte autoritaire

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Auteur / Autrice : Maïa Ghattas
Direction : Bernard TalletMarie Morelle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 06/12/2019
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (Paris ; 1988-....)
Laboratoire : Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (Paris ; 1988-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Fournet-Guérin
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Tallet, Marie Morelle, Pauline Guinard
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Gervais-Lambony, Myriam Houssay-Holzschuch

Résumé

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Ce travail de recherche, conduit entre 2011 et 2019, s’intéresse à la place de la culture dans les modes de gouvernement à Douala, à partir de l’étude de la question patrimoniale. A l’échelle de la ville, divers acteurs - institutionnels ou non - réinvestissent la notion de patrimoine. Leurs conceptions, leurs actions, leurs revendications patrimoniales participent à la production de la ville, et se réfèrent à des relectures dites « traditionnelles » ainsi qu’à des stratégies de rénovation urbaine. La « mise en patrimoine » et la « mise en art » des espaces publics libèrent la parole, dans une ville où toute forme de représentations matérielles ou symboliques de la mémoire a longtemps été interdite par l’État. Ces initiatives impliquent une négociation pour l’occupation de l’espace pouvant se référer à une histoire urbaine occultée. J’appréhende ce processus de construction de l’objet patrimonial par les divers acteurs en présence, ainsi que ses effets dans la production de l’espace urbain. L’étude des différents projets, mais aussi de leur articulation ou de leur concurrence, révèle une lecture des rapports de pouvoir et du gouvernement en ville. À travers la culture, l’affirmation d’une mémoire, et par là d’une légitimité, certains acteurs contrebalancent le pouvoir économique et le pouvoir politique à Douala pour se positionner dans l’espace urbain. En filigrane, mon travail vise à réfléchir aux enjeux de la construction d’un discours sur l’art en contexte autoritaire et à réinterroger d’une façon particulière les pouvoirs en ville. Ma thèse suit une approche qualitative. J’allie observations et entretiens auprès des pouvoirs publics, des élites, du monde associatif, des artistes et des habitants. Je m’appuie également sur la production et l’analyse d’images et de films, réalisés en collaboration avec plusieurs groupes d’artistes. Cette recherche s’organise en trois parties. Tout d’abord, la première partie traite de la place du patrimoine dans les plans d’aménagement successifs. Je présente un état de l’art en soulignant l’ouverture des normes de définition de la notion, ce qui me permet de revenir sur la place du patrimoine dans les politiques et les décisions en matière d’aménagement, en analysant les études et les plans de patrimonialisation existants. La deuxième partie s’intéresse à la place de la culture dans les jeux de pouvoir en ville. J’interroge les enjeux de pouvoir liés à l’affirmation de groupes dits « autochtones » dans l’espace urbain, grâce à l’usage du patrimoine. Il s’agit de faire le lien entre patrimoine, histoire et mémoire dans le contexte de Douala. Enfin, la dernière partie discute du rôle d’acteurs subalternes, de leur place dans le monde de l’art, ainsi que de leur possibilité de participer à la fabrique de la ville. Je pose la question plus large de la production de la culture dans le contexte autoritaire et néolibéral de Douala, en proposant d’étudier des initiatives hors-les-murs, et en questionnant leur devenir.