Thèse soutenue

Conséquences de la coupe rase sur la production de racines fines, CO2, CH4 et N2O jusqu'à la nappe phréatique dans une plantation d'Eucalyptus grandis menée en taillis sur un dispositif d'exclusion de pluie.

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Auteur / Autrice : Amandine Germon
Direction : Christophe JourdanJean-Paul Laclau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie fonctionnelle
Date : Soutenance le 21/06/2019
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro en cotutelle avec Universidade estadual paulista (São Paulo, Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie fonctionnelle et biogéochimie des sols et agrosystèmes (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Jean-Christophe Domec
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Jourdan, Jean-Paul Laclau, Jean-Christophe Domec, Daniel Epron, Alain Pierret, José Leonardo Goncalves
Rapporteurs / Rapporteuses : Daniel Epron, Alain Pierret

Résumé

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Améliorer notre compréhension de la dynamique spatio-temporelle des racines fines et des gaz à effet de serre dans les couches profondes du sol est un élément clé pour identifier des pratiques sylvicoles plus durables pour les forêts plantées dans un contexte de changement climatique et pour améliorer les modèles biogéochimiques actuels. Notre étude visait à évaluer l’effet de la coupe des arbres et de la sécheresse sur la production de racines fines et les émissions et production de CO2, N2O et CH4 sur un profil de sol profond jusqu’à la nappe phréatique, dans des plantations d’Eucalyptus menées en taillis au Brésil. Les racines fines, d’un diamètre inférieur à 2 millimètres, ont été échantillonnées jusqu’à une profondeur de 17 m sur un dispositif d’exclusion de pluie comparant des peuplements soumis à une exclusion de 37% des pluviolessivats (-W) et des peuplements sans exclusion (+ W). La dynamique des racines a été étudiée à l’aide de minirhizotrons installés dans deux fosses permanentes d’une profondeur de 17 m dans les traitement -W et + W, pendant un an avant la coupe des arbres, puis pendant deux ans en taillis, et jusqu’à 4 m de profondeur dans un peuplement non récolté (NH) servant de témoin. Les efflux de CO2, de CH4 et de N2O à la surface du sol ont été mesurés durant trois ans en utilisant la méthode des chambres manuelles dans les traitements -W, + W et NH. Les concentrations de CO2, de CH4 et de N2O dans le sol ont été mesurées à partir des fosses jusqu'à une profondeur de 15.5 m dans les traitements -W, + W et NH durant 3 mois avant la coupe des arbres et 1.5 ans après, en taillis. Après la coupe, nous avons observé une croissance spectaculaire des racines fines en grande profondeur (> 13 m) chez les arbres menés en taillis et, étonnamment, une mortalité extrêmement faible des racines quelle que soit la profondeur et le traitement. La biomasse totale des racines fines jusqu’à 17 m de profondeur dans les traitements menés en taillis était de 1266 et 1017 g m-2 dans + W et -W, respectivement, 1.5 an après la coupe des arbres et de 1078 g m-2 dans le traitement NH, 7.5 ans après la plantation. La longueur spécifique et la surface spécifique des racines étaient environ 15% plus élevées dans -W que dans + W. Les efflux de CO2, de CH4 et de N2O ne différaient pas significativement entre -W et + W et ne changeaient pas après la coupe des arbres dans les peuplements menés en taillis par rapport aux peuplements non exploités. Les concentrations de CO2 et de CH4 augmentaient fortement avec la profondeur et les concentrations de N2O restaient à peu près constantes de la surface du sol jusqu'à une profondeur de 15.5 m. Les concentrations moyennes de CO2 et de N2O dans -W étaient respectivement inférieures de 20.7% et 7.6% à celles de + W et celles de CH4 dans -W de 44.4% supérieures à celles de + W sur tout le profil de sol. Un modèle de diffusivité a montré que la production et la consommation de CO2, de N2O et de CH4 se produisaient à de grandes profondeurs et étaient similaires dans les traitements + W, -W et NH. La coupe des arbres n'a pas augmenté les efflux et les productions de CO2, de CH4 et de N2O, quel que soit le régime hydrique. Notre étude suggère que la gestion en taillis permet de conserver et de réexploiter le système racinaire mis en place par les Eucalyptus lors de la rotation précédente. Cette gestion est une solution pour l’atténuation des changements climatiques car elle pourrait aussi être une option intéressante d’adaptation des plantations tropicales aux changements climatiques car elle permet d’améliorer la tolérance des arbres à la sécheresse et de stocker du carbone en plus grande profondeur dans le sol.