Thèse soutenue

L'exploration d'un espace interstitiel : fondations bancaires italiennes, un observatoire des élites (1990-2018)

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Auteur / Autrice : Paola Arrigoni
Direction : Dorota DakowskaIrene Bono
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 21/10/2019
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec Università di Torino (Turin, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Briquet, Stefania Ravazzi, Béatrice Hibou, Luciano Brancaccio

Résumé

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Au cours de la dernière décennie et après avoir été plutôt marginales dans le discours public et politique, les élites sont redevenues centrales en particulier et, pas par hasard, depuis la crise économique et financière de 2007-2008. Dans le débat médiatique mainstream, les publications qui présentent les élites avec des tons principalement hostiles abondent, en contribuant à diffuser une caractérisation stéréotypée et un véritable récit commun de ces derniers. Dans le débat scientifique, Savage et Williams (2008) ont eu le mérite de relancer le thème qui reste cependant minoritaire, malgré desbonnes exceptions, dans les études actuelles des sciences sociales sur le pouvoir. Dans ces dernières, la scène est principalement occupée par les analyses sur le soi-disant populisme qui, sans avoir pour objet spécifique les élites, contribuent à les mettre en ombre plutôt qu’à s’interroger sur leurs profils et leur éthos.Hormis quelques exceptions, le thème de comment et où étudier les élites est aujourd'hui encore trop peu exploré par les sciences sociales ; pour cette raison j’ai décidé de répondre à l’« appel aux armes » de Williams et Savage (2008) et essayer avec ma recherche de développer des outils conceptuels et analytiques pour les étudier.En m’inspirant à la tradition pragmatiste anglo-américaine de Wright Mills (1956), qui accorde une grande importance aux biographies des élites « en chair et en os » situées dans l'histoire, j'ai adopté une approche socio-historique. Plutôt que me concentrer sur un groupe spécifique, sur une seule personne/famille ou sur les ressources, j'ai choisi de commencer en identifiant un niveau d'analyse à partir duquel pouvoir les observer et de me situer en dehors des espaces officiellement responsables de l'exercice du pouvoir ou plus médiatisés (ex. Davos), sur lesquels il y a aussi plus de travaux. Le choix s'est concentré sur les grandes Fondations d'origine bancaire (Fob) qui, aujourd'hui en Italie, semblent être l'un des lieux fondamentaux où le pouvoir politique, économique et financier se concentre. Elles se présentent donc comme un objet d'étude fertile pour ceux qui en Italie souhaite interroger les configurations du pouvoir (Elias, 1991).Plus précisément, la recherche s'est concentrée sur la Compagnia di San Paolo de Turin (CSP) et sur les élites qui peuvent être observées à partir de là, sans intentions ou tentations généralisatrices. En fait, la CSP se présente comme une fondation qui possède les traits du cas emblématique et cela m'a permis de développer concrètement la perspective de la fondation comme espace interstitiel entre différents champs (Eyal, 2010). Ainsi, j’ai pu faire émerger le profil d'une élite spécifique, mobile, interstitielle et institutionnellement « infidèle », qui, grâce à ces caractéristiques, est de plus en plusautonome, influence la production et la circulation des idées véhiculées dans la politique et trouve une source supplémentaire de légitimité dans son appartenance à une organisation philanthropique.