Thèse soutenue

Histoire relationnelle du genre chez les artisan-e-s-commerçant-e-s de proximité au village (XIXe-XXe siècles)
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Auteur / Autrice : Lucile Peytavin
Direction : Jean-Luc Mayaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 30/03/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire d'études rurales (Lyon)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Laboratoire d'études rurales (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Natalie Petiteau
Examinateurs / Examinatrices : Claude-Isabelle Brelot, Catherine Foucher
Rapporteurs / Rapporteuses : Michaël Pouzenc

Résumé

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Notre thèse porte sur l’artisanat et le commerce rural entre 1890 à 1960, période correspondant à l’apogée et au déclin de ces secteurs d’activités. A ce titre la vie de travail de plusieurs familles de petits entrepreneurs a été étudiée : le cadre de la petite entreprise familiale gérée par un couple épaulé par ses enfants avec ou sans employé permet de faire l’histoire relationnelle de ces travailleurs. Ainsi cette étude met au jour le rôle décisif des femmes à la tête de leur propre activité ou aux côtés de leur époux puisqu’elles concilient le travail de l’atelier ou de la boutique, l’éducation des enfants et les tâches domestiques, sans quoi l’entreprise familiale ne peut exister. En découvrant le quotidien de ces femmes, on déconstruit l’image de l’épouse secondant son mari dans son métier tout en rappelant les inégalités bien réelles des relations entre les sexes.Au total 8 huit entreprises et dix secteurs d’activité ont été étudiés grâce à la pluriactivité de familles drômoises et bourbonnaises. Le fait qu’elles traversent les mêmes étapes dans leurs carrières – l’apprentissage, l’installation, le choix du conjoint, le développement de stratégies de travail, la transmission –, rend possible la comparaison entre elles. Les deux principales entreprises retenues sont celles des Bardet correspondant à un restaurant-café-hôtel-bal-épicerie-quincaillerie proche de Moulins en activité de 1896 à 1975 et celles des Thivolle correspondant à une menuiserie-pompes-funèbres-mercerie-chapellerie à 30 km au nord de Valence entre 1900 à 1968. A cela s’ajoute l’histoire de six autres familles d’artisans commerçants drômoises permettant d’aborder d’autres activités telles que la coiffure, la mécanique ou la bourrellerie.Ce corpus permet l’étude de la répartition familiale des tâches entre les époux, les enfants et les ascendants. Cette thèse s’inscrit dans un courant d’étude large concernant non seulement l’égalité professionnelle mais aussi les enjeux du commerce rural de proximité. Il s’agit d’une étude économique et sociale portant sur les problématiques relationnelles de genre, la vie des petites entreprises et la sociabilité au village mettant en œuvre de nombreuses pistes de recherche : viabilité des activités, démographie des ateliers ou boutiques qui en vivent, associations d’artisans-commerçants, combinaison d’activités, pluriactivité, flexibilité de la petite entreprise, transmission héréditaire en ligne masculine, devenir des autres enfants, etc. A cela s’ajoute un croisement des disciplines (sociologie, ethnologie, géographie, économie, histoire) permettant l’étude de cette population en l’intégrant dans un panorama économique et social.Les résultats produits par ces travaux témoignent de la sortie d’une condition paysanne pour les premier artisans-commerçants des familles étudiées. Ils révèlent certains aspects des secteurs d’activité : l’épicerie, la mercerie et les cafés informent sur l’évolution des habitudes de consommation des ruraux en pleine mutation à travers l’augmentation du nombre de points de vente sédentaires dans la commune, la sortie de l’autosubsistance des paysans et la diversification des produits industriels proposés à la vente. Ils révèlent l’extrême pluriactivité de ces familles au début du siècle avant une spécialisation grandissante dans l’organisation de leur travail. Ils mettent au jour le conditionnement de la vie de ces travailleurs et de leurs enfants par leur entreprise : leur parcours de vie étant défini par les exigences d’organisation du travail, économiques, de transmission, etc. afin d’en assurer la pérennité. Ils rendent compte de la forte implication des artisans-commerçants dans la vie des villages et du rôle joué par leurs activités professionnelles dans la construction de la sociabilité villageoise. Enfin, ils informent sur la place précaire des femmes dans ce secteur mais aussi sur l’importance de leur rôle induits par les contraintes de genre et les contraintes économiques.