Thèse soutenue

Toxicité neuro-développementale d’une exposition gestationnelle à la pollution atmosphérique : effets à court et à long terme de l’inhalation répétée de particules de fumées de diesel chez le lapin
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Auteur / Autrice : Estefanía Bernal Meléndez
Direction : Henri SchroederChristine Baly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences agronomiques
Date : Soutenance le 27/03/2019
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CALBINOTOX - Composés Alimentaires : Biofonctionnalités et risques Neurotoxiques (Vandoeuvre-les-Nancy)
Jury : Président / Présidente : Sylvie Granon
Examinateurs / Examinatrices : Henri Schroeder, Christine Baly, Alain Trembleau, Anna Bencsik
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Trembleau, Anna Bencsik

Résumé

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La pollution atmosphérique est un problème majeur de santé publique. Parmi ses composants, les particules fines et ultrafines émises par les moteurs diesel sont aujourd’hui très critiquées. En effet, ces particules sont capables de gagner le système circulatoire et atteindre divers organes et, dans une certaine mesure, le cerveau. Si leur neurotoxicité est fortement suspectée dans les populations directement exposées, les conséquences d’une exposition maternelle sur la mise en place et le maintien des circuits neuronaux de la descendance restent mal connues. Des études épidémiologiques et expérimentales soulignent les risques neurotoxiques liés à l’exposition gestationnelle, du fait de la fragilité du cerveau en développement. Néanmoins, les conséquences d’une telle exposition sur le neurodéveloppement du fœtus et de l’individu après la naissance sont peu étudiées dans des conditions de faible exposition contrôlée et répétée. Cette thèse a visée à étudier les effets neurotoxiques à court et long terme d’une exposition gestationnelle aux fumées de moteur diesel enrichies en particules fines dans des conditions mimant l’exposition humaine. Ce travail a été mené chez le lapin, un modèle animal de la placentation humaine. Il s’est focalisé sur la description des atteintes sur le continuum anatomo-fonctionnel entre système olfactif et cerveau par des approches comportementales, neurochimiques et histologiques chez le fœtus en fin de gestation et chez l’adulte. Au stade fœtal, les résultats suggèrent la présence d'amas de particules de taille nanométrique sans que leur nature soit déterminée dans les tissus olfactifs des animaux exposés, une désorganisation cellulaire de ces tissus et des atteintes neurochimiques localisées au niveau du bulbe olfactif et dans certaines régions du cerveau pour la transmission dopaminergique et sérotoninergique, suggérant une dénervation des systèmes neuromodulateurs bulbaires en provenance du système nerveux central. A la naissance, une modification de la sensibilité olfactive périnatale chez les lapereaux en réponse à la phéromone mammaire, dont la perception est essentielle au déclenchement du comportement de tétée, a été observée et suggère une modification des réseaux nerveux des individus issus de mères exposées. Les perturbations neurochimiques persistent à long terme, malgré peu d’impact sur les comportements à base olfactive. De façon intéressante, un effet différentiel de ce type d’exposition selon le sexe est observé sur les systèmes monoaminergiques des fœtus et adultes. L’ensemble des données décrites ici indique un potentiel neurotoxique à confirmer et souligne la nécessité d'investiguer de façon plus approfondie l'éventuel lien avec l’émergence des maladies neurodégénératives humaines. Ces données confirment que la phase prénatale doit être considérée comme une fenêtre importante pour le développement du cerveau, au cours de laquelle il existe une susceptibilité élevée aux agressions de l'environnement.