Thèse soutenue

Protéger la nature à l'ère de l'anthropocène : Géo-graphies de l'archipel des Galapagos (Equateur)

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Auteur / Autrice : Josselin Guyot-Tephany
Direction : Nathalie Bernardie-TahirSylvain Guyot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie
Date : Soutenance le 10/09/2019
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la Société, Territoires, Sciences Économiques et de Gestion (Limoges ; 2018-2022)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Géographie Physique et Environnementale
Jury : Président / Présidente : François Taglioni
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Bernardie-Tahir, Sylvain Guyot, Pablo Ospina
Rapporteurs / Rapporteuses : François Taglioni, Pierre Gautreau

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La présente thèse a pour ambition d’interroger les fondements de la protection de la nature à l’ère de l’anthropocène. Le postulat de départ est que l’incapacité à répondre aux enjeux écologiques reflète les contradictions de l’ontologie naturaliste, laquelle s’est imposée comme la conception hégémonique des rapports entre humains et non humains (Descola 2005). L’argumentaire repose sur une analyse critique des politiquesdéveloppées dans un territoire emblématique du naturalisme : l’archipel des Galapagos (Équateur). Lieu fondateur des sciences naturelles, il représente l’archétype le plus abouti des figures, elles-mêmes archétypales, de l’île-laboratoire et de l’île-conservatoire. Il abrite depuis 1959 un parc national couvrant 97% des terres émergées et depuis 1998 une réserve marine parmi les plus vastes au monde. Archipel tropical le mieux conservé du monde, c’est aussi celui qui connaît la dégradation écologique la plus rapide (Snell et al. 2002). Les territoires protégés ont servi de support au développement d’un tourisme de naturequi a enclenché une intégration croissante des îles à l’économie-monde et au reste de l’espace équatorien, rompant ainsi brutalement l’isolement géographique qui garantissait leur intégrité écologique (Grenier 2000). Le tourisme a surtout été le moteur d’une croissance économique et démographique ayant engendré une rapide anthropisation des enclaves peuplées et une profonde transformation de l’espace archipélagique. Bref, les Galapagos représentent un condensé, dans le temps et l’espace, des logiques ayant conduit à entrer dans anthropocène.La thèse propose d’aborder, à travers l’exemple des Galapagos, les enjeux environnementaux de notre époque par une approche renouvelée de la géographie. Fondée comme la science des relations entre les sociétés et leur environnement, cette discipline a été une victime tardive du grand partage entre Nature et Culture se matérialisant actuellement, à propos des questions environnementales, par un tiraillement entre une géographie naturaliste et une géographie du naturalisme. Le présent travail esquisse une voie alternative à ce dualisme en posant les bases d’une géo-graphie de l’anthropocène, c’est-à-dire une étude conjointe des empreintes humaines sur terre et des récits que les acteurs et les sociétés construisent autour de celles-ci. La première partie traite successivement du rôle des territoires insulaires dans l’émergence et l’évolution des politiques de conservation, de la progressive naturalisation des Galapagos et du cadre théorique et méthodologique qui a guidé l’analyse. La deuxième partie montre comment l’ouverture géographique impulsée par l’essor du tourisme de nature a propulsé l’archipel dans l’anthropocène, mettant ainsi à l’épreuve le modèle conservationniste. La dernière partie s’intéresse à la manière dont la nature et le fait insulaire participent à l’affirmation d’un sentiment identitaire (Ospina Peralta 2001) et à des logiques multiformes et multiscalaires l’insularisation entraînant une archipellisation des Galapagos.