Thèse soutenue

Etude de la pathogénicité pulmonaire des polluants atmosphériques nanoparticulaires

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Auteur / Autrice : Yara Saleh
Direction : Jean-Marc Lo-Guidice
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacie sciences du médicament et autres produits de santé
Date : Soutenance le 03/07/2019
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IMPact de l'Environnement Chimique sur la santé humaine (Lille) - Impact de l'environnement chimique sur la santé humaine

Résumé

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Introduction : Des études épidémiologiques montrent que les polluants atmosphériques particulaires augmentent le risque de morbidité et de mortalité liées à des maladies respiratoires. La toxicité des particules dépend de leur composition chimique, leur conférant des propriétés mutagènes et/ou cancérogènes, mais également de leur granulométrie qui va conditionner leur pénétration et rétention dans les voies respiratoires.Les particules fines (PF<2,5μm) et surtout les particules ultrafines (PUF<0,1μm) peuvent ainsi atteindre les voies aériennes les plus profondes où leur épuration s’effectuera lentement par clairance macrophagique. Bien que les PUF possèdent une réactivité de surface et donc une toxicité potentielle plus élevées que les PF, leur impact toxicologique réel reste à déterminer.Matériels et méthodes : Pour ce projet, nous avons comparé l’impact sur la santé respiratoire d’une exposition prolongée à des PF et PUF collectées sur un même site urbano-industriel. Après caractérisation physico-chimique des particules (granulométrie, composition surfacique, élémentaire, en HAP), nous avons exposé des souris BALB/c par voie intranasale de manière aiguë à des doses uniques croissantes de PF ou de PUF (10, 50 ou 100 μg) et de manière subchronique pendant 1 mois ou 3 mois, à raison de 3 doses de 10 μg de particules par semaine. Les souris ont été ensuite sacrifiées, des lavages broncho-alvéolaires (LBA) ont été réalisés et différents tissus (sang, poumons, foie, fémurs) ont été prélevés pour effectuer des analyses toxicologiques.Résultats : La composition chimique élémentaire des PF et PUF n’a pas montré de différences majeures mais atteste leur origine industrielle par leur richesse en certains métaux. Par ailleurs, une teneur légèrement supérieure en HAP a été détectée dans les PF par rapport aux PUF. Pour toutes les conditions expérimentales, aucun effet génotoxique et/ou mutagène in vivo n’a été mis en évidence (tests des comètes, des micronoyaux, Pig-A négatifs). En revanche, l’étude de la cellularité des LBA, la quantification de l’expression génique des cytokines et l’analyse histologique des tissus pulmonaires suggèrent la survenue d’une inflammation chronique chez les souris exposées. L’apparition de zones lésionnelles étendues3est cependant plus précoce et plus marquée dans les poumons des souris exposées aux PUF. Des analyses transcriptomiques ont montré d’une part que le nombre de gènes dérégulés croît avec la dose et le temps d’exposition, et d’autre part que ce nombre est largement supérieur chez les souris exposées aux PUF par rapport à celles exposées aux PF. L’identification des principales voies de signalisation les plus significativement impactées confirme que les PUF induisent une réponse des tissus pulmonaires plus intense et plus précoce que les PF.En ce qui concerne les études épigénétiques, une dérégulation de la méthylation de l’ADN, des modifications d’histones et de l’expression génique de certains miARN était plus prononcée chez les souris exposées aux PUF. L’analyse fonctionnelle en cours des miARN spécifiquement dérégulés par les PUF, ou dérégulés communément par les PUF et les PF, devrait permettre l’identification de leurs ARNm cibles.Conclusion : Les résultats issus de ce projet suggèrent que les PUF ont un impact plus nocif sur la santé respiratoire que les PF, et devraient permettre l’identification de nouveaux biomarqueurs d’atteintes tissulaires. Les informations issues de ce projet pourront être transmises aux différents organismes en charge des polluants atmosphériques et de leurs effets sur la santé [...]