Thèse soutenue

L’autonomie et le travail non subordonné en coopérative d’activité et d’emploi : une analyse critique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Maud Gregoire
Direction : Pierre MathiotGuillaume Delalieux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 20/06/2019
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des Sciences Juridiques, Politiques et de Gestion (Lille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études et de recherches administratives politiques et sociales (Lille)

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse contribue aux réflexions critiques sur l’autonomie et le travail en se plaçant sous le prisme encore peu exploré du travail non subordonné en coopérative d’activité et d’emploi (CAE). Les travailleurs non subordonnés sont des individus qui souhaitent vivre de leur savoir-faire et de leurs compétences sans passer par le cadre salarial traditionnel. Ils trouvent eux-mêmes leurs opportunités de travail rémunéré en proposant des biens ou des services à des clients. La thèse s’intéresse à l’expérience qu’ils font de l’autonomie à travers la problématique suivante : dans quelle mesure la non subordination permet-elle aux travailleurs de conquérir de l’autonomie individuelle et collective dans un système néolibéral caractérisé par la figure de l’individu-entrepreneur ? Elle s’appuie sur une démarche inductive dans le cadre d’une enquête ethnographique. Elle s’inscrit dans l’épistémologie constructiviste et les théories critiques en management. La thèse étudie d’abord la dimension individuelle de l’autonomie en se penchant sur le travailleur non subordonné en tant que figure. En particulier, elle compare cette figure à celle de l’individu-entrepreneur néolibéral et mobilise le concept de micro-émancipation. La thèse examine aussi la dimension collective de l’autonomie au niveau global de la gouvernance de la CAE et au niveau des collectifs d’entrepreneurs-salariés qui se forment en interne. Le cadre théorique de l’anarchisme, très peu mobilisé en sciences de gestion, s’avère fécond pour l’analyse. Parallèlement à la réponse à la problématique, la thèse apporte trois contributions. Premièrement, elle propose une cartographie des situations de travail contemporaines qui montre le caractère obsolète de la distinction entre statut salarié et statut indépendant. Deuxièmement, elle établit une typologie des trajectoires professionnelles des travailleurs non subordonnés en CAE : profils « souffrance dans le salariat », « sans emploi », « nomade » et « entrepreneur ». Troisièmement, elle fournit des pistes managériales pour aider des collectifs de travailleurs à se structurer de façon non hiérarchique.