Thèse soutenue

Les thèmes de prédilection du Front national dans la presse régionale : vers une meilleure compréhension du rôle des médias dans les succès électoraux des partis de la droite radicale populiste

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Auteur / Autrice : Abdelkarim Amengay
Direction : Emiliano GrossmanDaniel Stockemer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique, spécialité Sociologie politique comparée
Date : Soutenance le 10/12/2019
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques en cotutelle avec Université d'Ottawa
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Louis Hotte
Examinateurs / Examinatrices : Emiliano Grossman, Daniel Stockemer, Ruth Dassonneville, Raul Magni Berton, Jan Rovny, Luc Turgeon
Rapporteurs / Rapporteuses : Ruth Dassonneville, Raul Magni Berton

Résumé

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Cette thèse traite de l’impact du contenu des médias sur le vote pour les partis de la droite radicale populiste en Europe, à travers l’analyse du cas du Front national français. Adoptant une approche contextuelle, elle affirme qu’il convient de distinguer, entre, d’une part, la visibilité médiatique dont l’effet est circonscit à la phase d’émergence électorale de ces partis; et, d’autre part, l’effet de priming des thèmes FN (l’immigration, de l’insécurité, du populisme anti-élite, de l’Europe et de l’islam) lui seul est en mesure de rendre compte de la manière dont le contenu des médias impacterait le vote pour ces partis une fois qu’ils deviennent bien établis dans le système partisan d’un pays donné. Mobilisant les théories sur les effets des médias comme cadre théorique, le département comme unité d’analyse, les deux mois qui précèdent les élections présidentielles françaises de 2012 et 2017 comme cadre temporel et collectant le contenu de la presse régionale française à partir de plus de 11 000 unes, cette thèse démontre que : primo, ni la visibilité médiatique du Front national ni celle de sa présidente Marine Le Pen ne permettent d’expliquer les variations du vote frontiste. Secundo, l’immigration, la thématique la plus fortement associée à ce parti ne fait pas l’objet de priming de la part des médias. Tertio, de l’ensemble des thèmes FN, le priming de l’insécurité est celui qui favorise le plus fortement le vote pour ce parti, même après avoir contrôlé avec des facteurs du monde réel comme le taux de criminalité, le niveau du chômage et la densité de la population dans le département. Quarto, l’absence d’un effet propre pour le priming de l’islam vu que ce thème est devenu indissociable de la thématique de l’insécurité dans la foulée des attentats qui ont touché la France à partir de 2012. Quinto, le priming des scandales politiques, utilisés comme proxy pour le populisme anti-élite, favorise le vote frontiste, même si dans le contexte particulier de la campagne électorale de 2017 caractérisé par « les affaires » cela a pu avoir un effet négatif sur le vote pour Marine Le Pen. Sexto, le priming de l’Europe est le seul à avoir un impact négatif sur le vote FN reflétant ainsi l’incapacité de ce parti à tirer profit de la médiatisation de la question européenne, même s’il a fait du rejet de l’Europe un élément central de son offre politique.