Thèse soutenue

Réponse d’une espèce d’eau froide aux changements environnementaux : plasticité phénotypique et divergence des traits d’histoire de vie précoce chez les populations d’omble chevalier (Salvelinus alpinus) en limite Sud de distribution

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Auteur / Autrice : Lisandrina Mari
Direction : Jean GuillardÉmilien Lasne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biodiversité, écologie, environnement
Date : Soutenance le 07/05/2019
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences et ingénierie des systèmes, de l'environnement et des organisations (Chambéry ; 2007-2021)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre alpin de recherche sur les réseaux trophiques des écosystèmes limniques (Thonon-les-Bains, Haute-Savoie)
Jury : Président / Présidente : Laurence Després
Examinateurs / Examinatrices : Franck Cattaneo
Rapporteurs / Rapporteuses : Katja Räsänen, Fabrice Télétchea

Résumé

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Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, la capacité des espèces à adopter des stratégies de mitigation, face aux effets d’une augmentation des températures est cruciale à leur persistance dans des environnements non favorables. De plus, la température est susceptible de moduler les impacts d’autres facteurs environnementaux.L’omble chevalier (Salvelinus alpinus) est un poisson sténotherme d’eau froide que l’on retrouve essentiellement sous le cercle arctique. En Europe sa limite Sud de distribution se situe dans la région alpine où l’espèce s’est retrouvée enclavée suite à la dernière glaciation. Les lacs alpins et péri-alpins sont particulièrement vulnérables au réchauffement. Ces populations peuvent donc être considérées comme des sentinelles du changement climatique et constitue un système d’étude intéressant pour l’étude de i) l’adaptation locale à la température, et ii) la réponse des populations à des stress multiples.Suivant un schéma expérimental de jardin commun, des œufs originaires de quatre lacs situés le long d’un gradient altitudinal ont été exposés à une température optimale (5°C) ou proche de leur limite de tolérance thermique (8.5°C). Nous avons mesuré des traits liés à la fitness chez les individus à l’éclosion et proches de l’émergence et étudié les processus qui sous-tendent les divergences entre ces traits par une approche QST-FST. Les résultats ont montré des normes de réaction contrastées, la température affectant la survie, la taille et le timing de l’éclosion, reflétant des différences entre populations dont la base est génétique. Des comparaisons entre paires de population ont montré que la divergence entre traits quantitatifs peut être attribuable en grande partie à la de la sélection homogénéisante ou de la dérive. Les résultats ont également montré que la diversité génétique neutre est relativement élevée, mais que le potentiel adaptatif des populations gérées par des pratiques de repeuplement est limité, suggérant un impact négatif des pratiques de gestion locales.Une deuxième expérience s’est focalisée sur les effets combinés de la température et des sédiments fins, une pression qui affecte fortement la disponibilité en oxygène et la qualité de l’habitat des salmonidés. Les résultats ont révélé que la température diminue la tolérance aux sédiments fins des stades précoces d’omble. L’exposition à un gradient de sédiments sous des conditions thermiques défavorables ont eu des effets dramatiques sur les traits de vie embryonnaires, montrant que la température peut exacerber les effets des sédiments. Une troisième étude a montré...Globalement, ce travail a montré que les populations sauvages d’omble chevalier divergent en partie adaptativement en réponse à a température, mais l’historique de perturbations d’origine anthropique affectant ces populations dans les lacs alpins (pratiques de gestion et repeuplement non adaptées, introduction allochtones, surpêche) peuvent réduire leur capacité à répondre et s’adapter aux futures augmentations de température. Ce travail a également mis en avant la nécessité de ré-examiner les effets de pressions classiques dans les écosystèmes aquatiques (notamment l’accumulation de sédiments fins) sous différents scénarii thermiques tout en prenant en compte les particularités de chaque population.