Thèse soutenue

Enchevêtrement des appartenances et constructions impériales : miliciens de couleur dans les villes espagnoles, françaises et britanniques de la Caraïbe (XVIIe-XVIIIe siècles)

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Auteur / Autrice : Baptiste Paul Bonnefoy
Direction : Jean-Paul Zuniga
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 18/12/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Armelle Enders
Examinateurs / Examinatrices : Armelle Enders, Catherine Denys, José Javier Ruiz Ibáñez, Renaud Morieux, Clément Thibaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Denys, José Javier Ruiz Ibáñez

Résumé

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Cette thèse d’histoire sociale cherche à repenser les interactions urbaines coloniales à l’époque moderne en s’appuyant sur une approche transimpériale et multisituée des villes caribéennes. Elle se situe au croisement de trois observatoires urbains : les milices coloniales, les élites secondes et les gens de « couleur ». Ces observatoires sont autant de points d’entrée qui permettent de penser la ville coloniale comme un espace qui concentre une multitude de scènes d’appartenance sociale : compagnies de milice, corps de métier, paroisses, confréries. Cette concentration urbaine renforce le contrôle collectif, complexifie les identités et multiplie les allégeances contradictoires. Ces multiples registres d’appartenance constituent autant de ressources qui permettent aux acteurs – dans une certaine limite, définie par leurs positions relatives et le contexte local – de manipuler les normes et les classifications sociales.L’approche multisituée permet de mettre en évidence la spécificité des contextes locaux ainsi que les implications impériales ou globales des formes locales de l’expérience coloniale. En posant la question des appartenances, cette thèse évalue le rôle des acteurs et des contextes locaux dans la formation des constructions impériales et la perpétuation de l’ordre colonial. Espace de belligérance, le bassin caraïbe constitue en ce sens un terrain fertile d’analyse et de comparaison, en ce qu’il fait la jonction entre des territoires impériaux discontinus, éparpillés et précaires.Malgré les spécificités de chaque contexte, les milieux urbains caribéens ont en commun une plus ou moins grande « colorisation » des manières de dire les hiérarchies et les positions sociales. Cette « colorisation » témoigne d’un vaste espace transimpérial de circulation des catégories pratiques. Ces catégories sont toutefois sélectionnées et réappropriées localement. Cette thèse s’intéresse en effet aux implications locales de ces circulations qui n’homogénéisent pas l’espace caribéen et génèrent souvent des malentendus, des refus ou des tensions dans leur contexte de réception. Cette thèse montre enfin que la couleur des individus, construite in situ et renégociée en permanence, constitue une ressource discursive qui dissimule des mécanismes complexes de domination sociale et politique, ainsi que des rapports de force qui s’expriment toujours avec violence et peuvent varier considérablement d’une ville à une autre, d’une scène d’appartenance à une autre.