Thèse soutenue

Au croisement des regards. Ancrage territorial, mobilités et négociations identitaires : le cas des Samaritains de Holon (Israël) et de Kiryat Lûza (Palestine)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Fanny Urien
Direction : Sossie AndezianEnric Porqueres i Gené
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 08/10/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'anthropologie et d'histoire de l'institution de la culture (Paris)
Jury : Président / Présidente : Erwan Dianteill
Examinateurs / Examinatrices : Erwan Dianteill, William Berthomière, Isabelle Rivoal, Emma Aubin-Boltanski, Christian Décobert
Rapporteurs / Rapporteuses : William Berthomière, Isabelle Rivoal

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse explore les modalités d’articulation entre citoyenneté double, appartenance religieuse et revendications particularistes observées dans le processus de formation de la communauté samaritaine. Proches du judaïsme par la religion mais dont ils se démarquent, à la fois citoyens palestiniens et israéliens mais dont ils se distinguent, les Samaritains, qui constituent une minorité ethno-confessionnelle installée en Israël et en Palestine, manipulent leurs frontières identitaires pour s’ajuster à leur environnement, siège d’un conflit qui dure depuis des décennies. L’examen des reconfigurations territoriales, administratives et politiques depuis la fin du XIXe siècle et la façon dont elles ont induit des déplacements multiformes (géographiques, sociaux, identitaires) pour les Samaritains donne un éclairage sur la manière dont celles-ci affectent leur géographie sociale et symbolique. Par le biais d’un mouvement de va-et-vient volontaire entre les matériaux historiques (textes de voyageurs, rapports d’explorations scientifiques, archives, recensements) et les données recueillies lors de l’enquête ethnographique, cette recherche met en perspective les effets de la production d’un « mythe orientaliste » dans les différentes phases de réajustement – d’ouverture et de fermeture – des frontières de la communauté. Elle s’attachera à analyser comment la construction d’un particularisme samaritain joue un rôle décisif dans le processus d’attribution d’un statut social (économique, de prestige) et administratif (citoyenneté).Au croisement des approches anthropologique et épistémologique, mon ambition est d’approfondir la réflexion sur les formes d’ « authentification savantes » (Ciarcia, 2003) des traditions samaritaines par le regard extérieur et leur réappropriation indigène, imbriquée aux enjeux sociaux et politiques. Ainsi, des écrits littéraires et scientifiques (dans le champ de l’anthropologie physique, de la génétique, de l’histoire et de la philologie) allant du XIXe au milieu du XXe siècle sont mobilisés dans des contextes touristiques et patrimoniaux par différentes catégories d’acteurs. L’analyse des discours prononcés par les représentants samaritains en contexte touristique permet d’appréhender l’investissement local de ces images – et leur circulation – dans les pratiques de valorisation du patrimoine et de resacralisation du lieu saint, le mont Garizim. Dès lors, celui-ci apparaît comme le point de repère symbolique et le support identitaire sur lequel sont projetés des imaginaires collectifs, communautaires, nationaux et transnationaux. Du traitement des modalités d’inclusion des Samaritains aux sociétés israélienne et palestinienne à l’utilisation de la religion comme ressource culturelle en passant par la mobilisation d’un regard orientaliste, cette thèse propose une approche originale du cas samaritain mettant l’accent sur l’articulation entre enracinement et mobilités.