Thèse soutenue

Enquêter sur la capacité à se soucier des autres. Le travail des aides-soignantes en institution pour personnes âgées dépendantes en France et à Taïwan.
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Auteur / Autrice : Shao-Fen Lee
Direction : Bénédicte Zimmermann
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 18/06/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Olivier Giraud
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Giraud, François Sarfati, Anne-Marie Arborio, Christelle Avril, Paul Jobin
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Giraud, François Sarfati

Résumé

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Cette thèse porte sur la liberté et le pouvoir d’agir dont disposent les travailleuses du care dans leur vie professionnelle et personnelle. À partir d'une étude comparée, en France et à Taïwan, du travail effectué en institution pour personnes âgées dépendantes par les aides-soignantes et les « faisant-fonction », nous montrons que la « capacité́ à se soucier des autres » est intimement liée à la « capacité́ à se soucier de soi ». L’enquête repose sur quatre périodes d’observation participante dans le cadre de stages, deux dans chaque pays, et sur 52 entretiens réalisés avec des travailleuses du care, des directeurs d’établissement et d’autres professionnels du care. La démarche comparative révèle deux contextes nationaux éloignés en termes de régulations sociales, politiques et culturelles. Elle met aussi en lumière la manière dont s'articulent les divers facteurs qui conditionnent la conversion des ressources à la disposition des aides-soignantes en un accomplissement effectif du care. Ces facteurs de conversion se situent à l’échelle institutionnelle (politiques publiques), organisationnelle (établissements de soin) et biographique (travailleuses du care). C’est donc une approche multi-échelles que développe cette thèse. Le croisement des rapports qu'entretiennent les travailleuses avec leur travail et leurs statuts d’emploi permet de faire apparaître une variété de configurations du travail de care. Ces configurations renvoient à une « capacité à se soucier des autres » différenciée qui est distribuée de manière inégalitaire autour d'une ligne de partage entre précarité et sécurité professionnelle. La comparaison des parcours professionnels des travailleuses du care, avec d’un côté les « stabilisées » et de l’autre les « précaires », permet d’analyser la « capacité à se soucier de soi » au regard de leur pouvoir d'agir en termes de développement professionnel. Ma thèse montre ainsi que les inégalités au niveau du développement professionnel résultent de l'interaction entre les logiques des régulations collectives et normatives, et les logiques subjectives des travailleuses liées à leur parcours de vie. En resituant le travail de care contemporain dans les enjeux de justice et de responsabilité sociale, cette recherche met à l'épreuve le discours politique qui sous-tend la question de la prise en charge de la dépendance et qui réduit la condition des travailleuses du care à une vision individualiste de professionnalisation des métiers du care.