Thèse soutenue

L'écriture à l'heure d'Éros : la représentation sexuelle dans l'oeuvre littéraire de Michel Houellebecq

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Auteur / Autrice : Hua Hu
Direction : Éric LysøeGen Zhang
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures françaises
Date : Soutenance le 31/05/2019
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020) en cotutelle avec Université de Wuhan (Chine)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, France)
Laboratoire : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, France)
Jury : Président / Présidente : Peter Schnyder
Examinateurs / Examinatrices : Jing Wang, Hong miao Wu
Rapporteurs / Rapporteuses : Fang Gao

Résumé

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Alors qu’il compte parmi les écrivains contemporains français les plus connus et les plus traduits, Michel Houellebecq s’impose comme un cas particulier au sein des milieux intellectuels. Son œuvre embrasse également la poésie, la prose romanesque, l’essai, le film, la photographie, la musique et bien d’autres domaines. Remarqué dès les années 90, Houellebecq n’a été réellement reconnu que vingt ans plus tard. Jusqu’à aujourd’hui, la publication de chacun de ses romans lui vaut à la fois des applaudissements et des huées. La controverse donne à réfléchir. Diplômé en sciences, l’auteur recourt à une véritable alchimie de discours où s’allient éléments de sciences naturelles et éléments de sciences humaines. La lumière et l’ombre se répondent et s’entrecroisent. Tout en tenant en haute estime les grands maîtres au XIXe siècle tels que Balzac et Baudelaire, Houellebecq vise des sujets nouveaux ou renouvelés dans leur perspective : la science, l’économie (y compris l’entreprise, le tourisme ou le marché), le sexe, la religion et la mort. Ses œuvres empreintes de biographie ouvrent pourtant des perspectives anthropologiques. La polyphonie qui se met en œuvre autour de l’auteur, du narrateur et des personnages complique jusqu’à interdire toute interprétation tranchée. Adossée à aucune forme de métarécit, l’œuvre s’inscrit de ce fait au cœur du labyrinthe postmoderne. Le sexe s’érige en élément central et obsessionnel dans son œuvre romanesque ; étiquette de la production littéraire de Michel Houellebecq, le sexe engendre fréquemment la polémique. Dans ce contexte, nous proposons de donner pour fil d’Ariane cette écriture du sexe, à la lumière de laquelle, s’éclairent bien d’autres sujets : outre les caractéristiques et l’interaction des deux sexes, le parcours narratif, le style du récit et même l’imaginaire de l’écrivain. Compte tenu de la variété de la production de l’auteur, le corpus comporte principalement les six romans publiés de 1994 à 2015, mais s’ouvre également aux poésies comme aux autres proses. L’exposé de cette recherche se développe en trois temps : nous commençons par caractériser la représentation sexuelle à travers les personnages masculins et féminins ainsi que l’interaction des deux sexes ; ensuite, du concret à l’abstrait, du superficiel au profond, le sexe se réduit en signe. Nous orientons alors notre regard vers la fonction narrative et les modalités stylistiques qu’engendre la présence latente du sexe dans la production textuelle. Finalement, nous nous interrogeons sur la vocation que recouvre le sexe chez Houellebecq et sa capacité à nous révéler l’imaginaire de l’auteur. Théoriquement, la misère du sexe s’inscrit dans un espace strié (au sens deleuzien du terme), un espace où règnent l’opposition et la séparation ; la béatitude du sexe surgit au contraire dans un espace lisse où s’idéalisent la fusion et l’harmonie. Et pourtant, l’auteur rêve d’un monde strié où les contraires pourraient entrer en communication, mais il vit dans un monde faussement lisse où tous les pôles s’abolissent, tout se mélange, néanmoins, sans jamais opérer de véritable fusion. Houellebecq navigue entre les deux espaces, perd sa route en côtoyant les quatre extrêmes de la représentation érotique : la sexualité, l’amour, l’asexualité, l’animalité. Il aspire à l’avènement d’un cinquième élément et cherche désespérément la possibilité d’une île.