Thèse soutenue

Rôle des stimuli sensoriels et de la palatabilité dans la prise orale de nicotine chez la souris
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Auteur / Autrice : Salma Tannous
Direction : Stéphanie Caillé-Garnier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 19/12/2019
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d’Aquitaine (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Guillaume Ferreira
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Caillé-Garnier, Guillaume Ferreira, Anne-Marie Mouly, Marcello Solinas, Anna Beyeler, Mickaël Naassila
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Marie Mouly, Marcello Solinas

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les produits du tabac sont hautement addictifs et leur abus est un problème majeur de santé publique. Chez les humains, cette addiction met en jeu une expérience consommatoire orale avec des composantes sensorielles gustatives et olfactives. De nos jours, le rôle de ces composantes est amplifié avec l’utilisation accrue des produits du tabac non-brûlé, mais aussi les cigarettes électroniques, où la nicotine est associée à des additifs incluant flaveurs et sucres. L’impact des additifs sur le comportement de consommation du tabac doit donc être évalué. Dans ce travail de recherche, notre intérêt se porte sur la nicotine orale et l’interaction bidirectionnelle avec les flaveurs associées. Nous questionnons notamment les propriétés de renforcement secondaire, les effets des arômes sur la palatabilité de la nicotine et son encodage affectif. Dans un premier chapitre, nous avons investigué les propriétés irritantes de la nicotine dans un modèle d’auto-administration orale de nicotine diluée dans de la saccharine chez des souris génétiquement modifiées (knockout) pour le thermorécepteur TRPV1 (Transient receptor potential vanilloid 1), impliqué dans l’échauffement lié au tabagisme et qui a la particularité d’être sensibilisé par la nicotine. Nous mettons en évidence que l’absence de ce récepteur promeut la consommation de nicotine par diminution de son aversion orale. Il n’a cependant pas un rôle spécifique dans les mécanismes de motivation et de rechute. Il a été montré que les stimuli sensoriels non-pharmacologiques deviennent plus salients quand ils sont associés à la nicotine. Ainsi, nous étudions dans un deuxième chapitre, le renforcement secondaire putatif des stimuli oraux par la nicotine. Nous mettons en évidence la nécessité d’association orale de la nicotine à des additifs masquant son goût amer, afin de permettre sa consommation volontaire et la modélisation des différents stades du processus addictif. Ce processus se montre sensible aux stimuli dans la consommation et la rechute, mais insensible aux challenges pharmacologiques malgré l’absorption de nicotine mesurée par la présence de cotinine plasmatique. Les solutions de nicotine à fortes concentrations révèlent des propriétés aversives et réduisent la consommation volontaire. Bien que nous ne montrions pas le renforcement des propriétés incitatives de la vanille par la nicotine, de façon surprenante nous montrons que l’arôme seul peut renforcer le comportement d’auto-administration. Enfin, du fait de l’importance des effets sensoriels oraux dans la consommation de nicotine, nous avons étudié ses propriétés de palatabilité. Les tests de réactivité gustative montrent bien l’aversion gustative pour la nicotine seule et l’amélioration de la palatabilité par l’ajout d’additif aromatique. Ce changement de la palatabilité ne s’est néanmoins pas traduit par des changements du codage neuronal mesuré par le marquage de la protéine c-Fos dans les structures contribuant à l’expression de la valence positive ou négative, notamment le noyau accumbens, le cortex insulaire gustatif, le noyau basolatéral de l’amygdale, l’habenula et la noyau paraventriculaire du thalamus. En revanche, la nicotine, aromatisée ou non, a augmenté l’activation neuronale dans toutes ces structures. L’ensemble de ces résultats met en lumière cette problématique d’association de la nicotine aux additifs pouvant moduler sa perception sensorielle et promouvoir par la suite sa consommation. L’attractivité des nouveaux produits du tabac et leur potentiel d’abus est une question authentique et un problème de santé publique dont l’étude et la régulation sont urgentes.