Thèse soutenue

Le poids du ciel : itinéraires de l'homme sans Dieu dans l'oeuvre romanesque de Jean Giono

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : David Perrin
Direction : Éric Benoit
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 24/06/2019
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Sylvie Vignes
Examinateurs / Examinatrices : Denis Labouret, Philippe Baudorre, Alain Romestaing
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Vignes, Denis Labouret

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

De nombreux critiques avaient détecté chez Jean Giono (1895-1970) la présence d’un vide affectant non seulement le sujet de son oeuvre mais aussi sa poétique. L’ennui, cette « brusque et radicale conscience du rien », le mensonge qui « reconstruit un monde au-dessus de l’abîme » (R. Ricatte) ou bien encore le « travail des sensations » vécu comme un « barrage contre le vide » (S. Vignes) sont des effets parmi d’autres d’un manque et d’une absence déterminante. Le vide explique aussi l’anonymat et les lacunes biographiques de ses personnages, les nombreux blancs et silences, les ellipses narratives et sémantiques, les césures et les discontinuités narratives... Il ne suffisait cependant pas de reconnaître l’existence d’un vide, d’un manque originaire dans cette oeuvre. Il fallait encore connaître sa nature. De quoi le monde gionien est-il vide ? La réponse se trouve paradoxalement dans ce que l’auteur s’est efforcé de ne jamais décrire ou plutôt dans ce qu’il a toujours décrit « en blanc » (J. Giono). En nous penchant sur ce qui, dans ses romans, était toujours décrit sans l’être, nous nous sommes aperçus que rien ne manquait davantage que Dieu. Dieu brille par son absence dans son oeuvre. Il est celui qu’il se refuse à décrire positivement car il est pour lui « le néant absolu », « l’absence de tout » (J. Giono). La théologie imprimée dans ses romans est une ‘‘théologie blanche’’. Sa vision du monde et de l’homme est toujours, et très délibérément, sans dieu/Dieu. Comme le dit le narrateur du Déserteur à propos des peintures pieuses et des ex-voto de son personnage : « il n’y a pas de dieu dans tout ça ». En analysant l’oeuvre gionienne à la lumière de cette absence, quatre ensembles de romans se sont dégagés selon un ordre qui dépasse les distinctions classiques établies, d’une part, entre une première et une seconde « manières », d’autre part, entre le « Cycle du Hussard » et les « Chroniques romanesques ». Ces quatre ensembles romanesques sont autant d’itinéraires de l’homme sans dieu/Dieu. Nous avons distingué celui de « l’humanisme païen », celui de l’héroïsme sublime, celui tragique voire tragi-comique des hommes condamnés à la chute, celui enfin des « âmes fortes » qui veulent se faire dieux en l’absence de dieu/Dieu. L’immense « chasse au bonheur » dont l’oeuvre romanesque de Giono est l’expression a rapport avec le ciel, un ciel sans dieu/Dieu.