Thèse soutenue

L’Évaluation Macroéconomique des Politiques de R&I de l’UE : l’Art et la Manière
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Pierre Le Mouël
Direction : Jean-Luc Gaffard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 29/11/2019
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et sciences politiques, économiques et de gestion (Nice)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Nice (1965-2019)
Equipe de recherche : Groupe de recherche en droit, économie et gestion (Valbonne, Alpes-Maritimes)
Laboratoire : GREDEG
Jury : Président / Présidente : Lionel Nesta
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Gaffard, Lionel Nesta, Michele Cincera, Pierre Mohnen, Patrick Sevestre, Paul Zagamé
Rapporteurs / Rapporteuses : Michele Cincera, Pierre Mohnen

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse de doctorat décrit les mécanismes de R&I que les modèles macroéconomiques QUEST III, NEMESIS et RHOMOLO intègrent, et comment ces modèles sont utilisés pour évaluer les politiques de R&I qui sont introduites par la Direction Générale de la R&I de la Commission Européenne. QUEST III, NEMESIS et RHOMOLO sont des modèles appartenant à différentes traditions économiques, avec également différents niveaux de détail. QUEST est un modèle d’Équilibre Général Dynamique Stochastique (DSGE), le plus en accord avec les canons de la théorie macro-économique moderne. Il y a un modèle pour chacun des pays de l’UE(28), avec des fondements micro-économiques dérivés explicitement de la maximisation intertemporelle des profits et de l’utilité sous l’hypothèse d’anticipations parfaites. NEMESIS est comme QUEST, un modèle pour chacun des pays de l’UE, mais les deux modèles diffèrent profondément dans leur approche des phénomènes économiques. NEMESIS est un modèle macro-sectoriel (30 secteurs), d’inspiration néo-keynésienne, avec des coûts d’ajustement, des anticipations adaptatives, des prix rigides, et des taux de change et d’intérêt exogènes, qui ne permettent pas au modèle de décrire un équilibre général, même dans le long terme. RHOMOLO, qui est un modèle d’économie spatiale basé sur les nouvelles théories de l’économie géographique, est le plus détaillé géographiquement, avec la modélisation en équilibre général de 267 régions européennes, avec leurs interactions. Le modèle comporte également une dimension sectorielle, les régions comportant chacune 10 secteurs d’activité. Comme pour NEMESIS, le grand niveau de détail de RHOMOLO, ne permet pas une résolution tournée vers l’avenir, et le modèle est résolu par une approche dynamique récursive. En ce qui concerne la représentation de l’innovation, les trois modèles ont en commun de la faire reposer sur la forte évidence empirique, que les investissements en R&D ont été à l’origine des principales innovations technologiques, et progrès de productivité, dans les pays industrialisés au cours des dernières décennies. Du point de vue théorique, ils se réfèrent également tous, explicitement ou implicitement, aux nouvelles théories de la croissance, qui ont émergé à partir du début des années 1990. NEMESIS est certainement le modèle qui inclut les mécanismes de progrès technique les plus riches, avec notamment l’extension récente de ses mécanismes d’innovation au rôle joué par les investissements en TIC, en logiciels et en formation professionnelle, particulièrement importants pour représenter l’innovation dans les services. Mais les approches sectorielle, et “hors-de-l’équilibre” qui sont suivies dans NEMESIS, n’assurent pas que le long-terme qui est décrit par le modèle, soit compatible avec la représentation de l’équilibre général au cœur du modèle QUEST. Dans QUEST, par contraste, le compromis est cette fois au prix de la richesse, et du degré de détail, des mécanismes d’innovation, qui sont restreints par les contraintes analytiques fortes, qu'imposent la modélisation DSGE. Pour RHOMOLO, à l’opposé, les limitations viennent davantage des contraintes de données, et de la difficulté de représenter certains phénomènes, comme les externalités de connaissance, avec un niveau régional détaillé.Si nous ajoutons à ces différences dans la structure des modèles, la représentation de la croissance endogène, versus semi-endogène, que les modèles supportent, nous ne pouvons certainement pas espérer qu’ils fournissent des résultats similaires lorsqu'ils sont utilisés pour l’évaluation des politiques de R&I de l’UE, mais tout au moins que leurs résultats se complètent utilement. Il y a l’art, et la manière, pour l’évaluation macroéconomique des politiques de R&I de l’UE, et c’est à la présentation de ce “compromis” que forment les différents modèles, à partir de l’analyse des principaux travaux théoriques qui se sont développés, depuis les années 1950, que cette thèse est dédiée.