« La pratique du rap en Haïti : un lieu d'autoformation et de subjectivation »
Auteur / Autrice : | Jean evenson Lizaire |
Direction : | Christine Delory-Momberger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 17/12/2018 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche interuniversitaire Expérience, ressources culturelles, éducation (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Etablissement de préparation : Université Sorbonne Paris Nord (Bobigny, Villetaneuse, Seine-Saint-Denis ; 1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Martine Janner-Raimondi |
Examinateurs / Examinatrices : Elizeu Clementino de Souza, Mickaël José Félix Gadras | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Mabilon-Bonfils, Alain Vulbeau |
Mots clés
Résumé
Cette thèse porte sur la dimension d’autoformation et de subjectivation de la pratique du rap, deux aspects jusque-là inexplorés de cette pratique musicale. Elle examine la manière dont un individu lambda devient un rappeur compétent, selon les critères implicitement établis au sein de la communauté de pratique mise en place autour du rap dans le contexte haïtien. Elle éclaire aussi le processus de construction du rappeur-sujet en se fondant sur l’analyse des données composites : textes de musique, vidéo-clips, matériaux biographiques construits à partir des entretiens de recherche biographique menés à Port-au-Prince, entre 2013 et 2016, auprès des rappeurs pratiquants et des fans de rap évoluant en Haïti. La réflexion proposée s’inscrit dans la lignée épistémologique, théorique et méthodologique de la recherche biographique. Les matériaux collectés permettent de comprendre que le devenir rappeur consiste en une articulation complexe de savoirs informels et de savoirs formels, de différents moments d’un processus d’autoformation dans lequel le sujet apprenant est confronté à un défi de connaissance et un défi de soi. Loin d’être une « musique engagée », le rap haïtien se révèle plutôt comme une « musique de lamentation » qui tient lieu de modalité d’expression de la souffrance de ses pratiquants. En d’autres termes, à défaut de servir de catalyseur dans de sérieux mouvements de mobilisation collective, cette musique sert plutôt d’exutoire à des jeunes qui cherchent à exprimer leur sentiment complexe de désarroi, de déception, de désespoir, d’affliction, de rage et même de honte devant la situation chaotique d’Haïti. Le rap haïtien a donc une fonction un peu plus cathartique que politique.