Thèse soutenue

Itinéraire et vécu de l’aide médicale à la procréation en contexte migratoire des femmes d’Afrique subsaharienne

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Auteur / Autrice : Carelle Vanessa Koumba
Direction : Yoram Mouchenik
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 24/09/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité transversale de recherche psychogenèse et psychopathologie (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis)
Etablissement de préparation : Université Sorbonne Paris Nord (Bobigny, Villetaneuse, Seine-Saint-Denis ; 1970-....)
Jury : Président / Présidente : Pascale Molinier
Examinateurs / Examinatrices : Muriel Bossuroy, Thierry Baubet
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Mazoyer, Daniel Derivois

Mots clés

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Résumé

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Ce travail vise à explorer le vécu du processus d’assistance médicale à la procréation (AMP) en contexte migratoire, des femmes d’Afrique subsaharienne. La recherche a été menée au sein d’un centre hospitalier d’assistance médicale à la procréation en Île-de-France, également spécialisé dans le traitement des personnes ayant un risque viral. Les cas de figures suivants ont été étudiés : tout d’abord, des femmes migrantes ayant découvert leur infertilité avant ou pendant la migration, ensuite, des couples ou l’infertilité serait d’origine masculine, des couples où l’infertilité est découverte chez les deux partenaires. Le dernier cas de figure est celui où l’infertilité tirerait son origine d’une infection virale (VIH, VHB, VHC) contractée par l’un voire les deux conjoints. La recherche s’est déroulée en deux étapes principales, observation des consultations de médecine de la reproduction durant plusieurs mois avec différents médecins, suivie d’un travail d’entretiens semi-directifs et non directifs effectué auprès de dix-sept femmes migrantes, âgées de 25 à 42 ans, ayant entamé une prise en charge médicale. Pour l’analyse qualitative des entretiens, ma méthodologie de travail a été axée sur "la Grounded Theory" et sur le "Complémentarisme". De plus, cette méthodologie a été renforcée par un codage des catégories réalisé avec le logiciel Nvivo 10, outil d’aide à la classification du matériel empirique, qui ne se substitue pas au chercheur ni à l’analyse papier-crayon.À travers les difficultés et le processus complexe d’AMP, cette étude a permis de dégager des spécificités existant chez ces femmes migrantes, la rencontre interculturelle, une technicité souvent inconnue, le poids des facteurs socioculturels spécifiques ainsi que les éléments de la singularité psychologique. Il ressort de ces analyses différents paramètres importants, l’influence des cultures non seulement sur les représentations de l’infertilité, mais aussi sur le désir ou sur le besoin d’enfant ainsi que sur le degré d’acculturation. Aussi, la durée du séjour, l’origine géographique, les pressions familiales et les craintes de polygamie sont autant de paramètres mis en exergue.Ce parcours médical est vécu suivant les cas, comme un parcours d’émancipation sociale avec un désir de se dégager des normes culturelles de la place assignée à la femme. Le vécu de l’AMP est marqué en effet par différentes phases : idéalisation, espoir, désillusion, découragement et dépression suivant les situations, et donc, un parcours qui n’est pas dénué d’aspects traumatiques. Le comportement des femmes très codé culturellement s’est révélé source de malentendu avec l’équipe médicale. À titre d’exemple, certaines femmes pouvaient s’inscrire dans le pluralisme médical (biomédicale et médecine traditionnelle). Ces attitudes étaient parfois à l’origine des ruptures ou des suspensions de prise en charge incompréhensibles par l’équipe médicale.