Thèse soutenue

Approche phénoménlogique de l'expérience hyperphagique dans l'obésité : une étude dans les contextes français et brésilien
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Auteur / Autrice : Lucas Bloc
Direction : Mareike Wolf-Fédida
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Recherche en psychanalyse et psychopathologie
Date : Soutenance le 16/05/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Bernard Pachoud
Examinateurs / Examinatrices : Mareike Wolf-Fédida, Bernard Pachoud, Jean Naudin, Virginia Moreira, Dorothée Legrand
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Naudin, Virginia Moreira

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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L’acte de manger est toujours présent dans notre mode d’être-au-monde, traduisant un mode d’existence et un mode de relation avec le corps propre, avec les autres et avec le monde. L’hyperphagie nous renvoie à une expérience vécue par un sujet qui ne peut pas ne pas manger, qui place souvent l’acte de manger au centre de sa vie et qui exprime un mode psychopathologique à travers la prise alimentaire. Dès lors que l’hyperphagie est devenue un trouble alimentaire reconnu, classifié et de plus en plus étudié, elle s’est présentée comme un « nouvel » élément, souvent associé à la problématique de l’obésité. Cette thèse a pour but de proposer une approche phénoménologique de l’expérience hyperphagique dans l’obésité. Notre parcours de recherche est divisé en quatre parties. Dans la première partie, nous présentons l’historique du corps et du discours psychiatrique autour des troubles alimentaires et de l’obésité, tout en identifiant la manière dont cette histoire et ces discours peuvent marquer l’expérience hyperphagique dans l’obésité. La deuxième partie est consacrée à la phénoménologie de Merleau-Ponty en tant que point de vue fécond pour la compréhension des troubles alimentaires et de l’obésité. Nous faisons un parcours qui démarre avec sa phénoménologie du corps, passe par sa notion de schéma corporel comme voie d’organisation de ce mode d’être corps et finit par son concept de chair. En s’approchant d’unephénoménologie clinique, nous discutons, dans la troisième partie, les contributions de Ludwig Binswanger et d’Arthur Tatossian pour le dévoilement de l’expérience hyperphagique dans l’obésité et nous présentons l’état de l’art actuel des publications phénoménologiques contemporaines sur les troubles alimentaires et sur l’obésité. En utilisant la méthode phénoménologique critique de recherche, nous présentons, dans la quatrième partie, les résultats des entretiens cliniques réalisés dans le contextes français (à Paris) et brésilien (à Fortaleza). Vingt sujets ont été interviewés dans les services de santé publique de chaque pays afin d’avoir un référentiel clinique plus direct, de pouvoir comprendre leur expérience hyperphagique et leur mode d’être obèse puis de comparer les nuances et les sens des spécificités de chaque contexte. Cette approche phénoménologique se constitue dansl’intersection entre la théorie, présentée dans les trois premières parties, et la pratique, mise en évidence à partir du contact clinique avec les patients. Parmi les résultats, nous retenons d’abord l’objectification du corps qui marque les modes de le vivre, produit de la souffrance et traverse la composition des troubles alimentaires et de l’obésité. Nous avons observé une désappropriation du corps souvent vécue dans l’expérience hyperphagique dans l’obésité. D’un côté, l’expérience hyperphagique dénote l’incapacité de ressentir les sentiments corporels et de pouvoir contrôler les actes alimentaires dans un bouleversement du mode d’éprouver le corps, tout en signalant l’« hyper » centralité de l’acte de manger. De l’autre côté, l’obésité signale l’expérience d’un sujet qui est souvent réduit à sa condition corporelle et porte une souffrance liée aux limitations physiques, à la visibilité de ce corps hors norme, aux jugements et à la pression des autres pour ne plus avoir ce corps. Ces deux expériences, recherchées ensemble, n’ont pas de frontières rigides et révèlent un sujet souvent perdu dans son mode d’être et d’avoir un corps. Nous concluons que le travail clinique passe par la réappropriation de ce corps par le sujet et par la récupération de sa condition de sujet qui peut ressentir, choisir, souffrir et aussi (ne pas) manger